Les taux d’intérêts progresseront de 15 à 25 points de base d’ici 3 à 6 mois (M’Fadel El Halaissi)
Au second trimestre 2021, la majorité des taux d’intérêts ont baissé par rapport au premier trimestre de la même année. Sur la période, seuls les taux d’intérêts des crédits à la consommation ont connu une hausse, passant de 6,5% à 6,64%.
Le taux débiteur est passé d’un trimestre à l’autre de 4,45% à 4,32%. Les comptes débiteurs et crédits de trésoreries sont passés de 4,08% à 4%. Les crédits à l’équipement ont baissé de 4,42% à 4,10% et les crédits immobiliers ont vu leur taux diminuer de 4,74% à 4,52%.
Tous les taux sont en baisse par rapport à la période pré pandémique
Les chiffres de Bank Al Maghrib démontrent également que les taux ont connu globalement une tendance baissière par rapport à la même période en 2019, année pré pandémique.
Le taux débiteur était à 4,98% au T2 2019 contre 4,32% cette année. Les comptes débiteurs et crédits de trésorerie étaient à 4,74% contre 4% au second trimestre 2021. Les crédits à l’équipement ont également suivi une tendance baissière, passant de 5,17% à 4,10%. Les crédits immobiliers, quant à eux, sont passés sur la période, de 4,82% à 4,52%. Les crédits à la consommation ont également baissé de 6,71% à 6,64% sur deux années glissantes.
Désormais quelles sont les perspectives d’évolution de ces taux après le conseil de BAM, programmé au 13 octobre prochain ? En cas de hausse de baisse ou de stagnation, comment ces derniers pourraient-ils se comporter ?
Le taux directeur a un impact limité sur les évolutions des taux d’intérêts
Il est à rappeler que le consensus du marché laisse à penser que le taux directeur sera maintenu à 1,5% d’après un sondage récemment réalisé par la société de recherche Attijari Global Research.
Mais en réalité, le taux directeur n’est qu’une composante qui influe partiellement sur les taux d’intérêts. Pour M’Fadel El Halaissi, Directeur Général Délégué chez Bank of Africa, d’autres facteurs entrent en compte, d’autant plus que le refinancement auprès de la Banque centrale ne représente que 10% des besoins de financement des banques commerciales.
« Premièrement, il faut savoir que le taux directeur n’est qu’un signal qui a tendance à apaiser le marché ou à orienter la politique monétaire. Ce n’est pas vraiment lui, le véritable impacteur sur le taux d’intérêt sur le marché. Le taux d’intérêt sur le marché, c’est une expression de l’offre et de la demande » nous explique-t-il.
Pour notre interlocuteur, la structure même des taux d’intérêts provient de trois facteurs principaux. « Premièrement, à combien s’élève le coût du financement, la collecte des dépôts à vue ou à terme ? Deuxièmement, le coût du risque. Troisièmement, la marge bancaire. On constate qu’excepté le coût du financement qui est resté stable voire a baissé légèrement, le coût du risque a augmenté et la marge d’intermédiation a augmenté aussi car les normes bancaires exigent que les fonds propres soient plus élevés ».
C’est principalement l’évolution de la demande de crédit qui influencera la progression ou la régression du niveau des taux d’intérêts. Les ménages, les entreprises, et également l’État donneront le ton dans l’évolution des taux d’intérêts à court/moyen terme.
Une hausse de 15 à 25 points de base est attendue dans les 3 à 6 mois
Pour notre interlocuteur, dans ce contexte de reprise, il parait très plausible que l’on se dirige vers une hausse des taux. « Concernant la perspective dans le semestre qui arrive, si la demande de crédit reste ce qu’elle est, ce dont je doute, les taux d’intérêts n’évolueront pas tant que cela, probablement de 10 ou 15 points de base ».
Mais il est plus probable selon notre interlocuteur que l’on se dirige vers une hausse plus prononcée en raison d’une reprise future de la demande de crédit. Cette hausse de la demande se justifie notamment par plusieurs effets engendrés par le Covid. « Il faut rappeler que l’un des effets du Covid sur la consommation des ménages a engendré une stagnation ou un retrait de la consommation. Par conséquent, on assiste à un niveau d’épargne plus prononcée qu’à l’accoutumée. Dès que le marché se normalisera, il y aura naturellement un afflux de la consommation de crédits. Cela se traduira par une élévation du taux d’intérêts sur les trois ou six mois à venir » explique M’Fadel El Halaissi.
Fondamentalement, est-ce une mauvaise nouvelle pour la dynamique de croissance des crédits ?
Pour notre source, il est nécessaire de mettre cette hausse en perspective. « Il ne faut pas considérer cela comme quelque chose de négative. Cette hausse des taux d’intérêts ne réduira pas pour autant la demande de crédits. Il faut observer en parallèle le coût des collectes qui augmentera également. Si le taux d’intérêt augmente, les banques iront chercher des dépôts à terme. Il faudra également la comparer par rapport aux coûts du financement et à la prime de risque. D’après ce que l’on voit, je pense que les prévisions iront vers une hausse de 15 à 25 points de base dans les prochains mois » conclut M’Fadel El Halaissi.
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