La rémunération des comptes d’épargne baisse de 24 points au 2ème semestre 2021
Les dépôts auprès des banques ont enregistré, à fin juillet 2021, une hausse annuelle de 7,2% pour s’établir à 1.034,3 milliards de DH, d’après le tableau de bord des crédits et des dépôts publié par Bank Al-Maghrib.
Les dépôts des ménages se sont établit à 772,3 milliards de DH en hausse annuelle de 4,6% avec 188 milliards de DH détenus par les MRE. Les dépôts des entreprises privées ont progressé de 10,9% pour atteindre 155,5 milliards de DH à fin juillet.
Evolution annuelle des dépôts bancaires (en %)
Source : BAM.
D’après la même source, les taux de rémunération des dépôts à terme ont enregistré, à fin juillet 2021, une hausse de 6 points de base à 2,41% pour ceux à 6 mois et une baisse de 11 points à 2,58% pour ceux à 12 mois.
Pour les comptes d’épargne, leur taux minimum de rémunération a été fixé à 1,03% pour le deuxième semestre 2021, soit un repli de 24 points de base par rapport au semestre précédent.
Joint par LeBoursier, Ahmed Zhani, économiste en recherche macroéconomique et taux à CDG Capital, explique ces évolutions :
« L’évolution des dépôts est plus associée aux injections que fait de Bank Al-Maghrib à travers les mécanismes qui ont été mis en place pour accélérer la distribution de crédit, qui sont basés sur les garanties de la Caisse Centrale de Garantie. Donc, il y a des impulsions monétaires dont une partie a été captée par les dépôts. Il y a une partie qui part en cash, pour tout ce qui est monnaie fiduciaire pour le financement de l’économie informelle et une partie qui passe par le circuit formel qu’on retrouve au niveau des dépôts ».
Dans ce contexte, les taux continuent de baisser. « L’évolution des comptes de dépôts est expliquée par le contexte. Le taux de rémunération des comptes sur carnet, un produit d’épargne qui est très consommé par les marocains, a fortement baissé. Leur rémunération tourne autour de 1% ».
Et d’expliquer : « C’est le revers de la médaille d’une politique monétaire expansionniste. Quand on baisse les taux pour relancer l’économie, on génère automatiquement une baisse des taux qui est généralisée, qui ne concerne pas uniquement le taux de financement de l’économie mais également le taux des produits d’épargne de taux qui représente la partie la plus importante sur le marché national des produits proposés pour les épargnants et les investisseurs. On est quand même une économie de taux. Les produits de taux sont plus représentés que les produits de participation notamment les actions et les produits immobiliers ».
A rappeler que la Banque centrale a baissé à deux reprises le taux directeur en 2020, afin de contrer les effets de la crise du Covid-19. Le taux a été réduit de 25 points de base, mardi 17 mars, à 2%. La deuxième baisse a eu lieu mardi 16 juin. Le Conseil de BAM avait décidé de réduire de 50 points de base le taux directeur qui est passé à 1,5%.
« La baisse du taux directeur produit une baisse mécanique des taux créditeurs. Par la suite, la baisse se fait sentir sur les taux débiteurs. Les banques ont besoin de baisser le coût de leurs ressources pour pouvoir présenter des produits bancaires moins chers, sans impacter leur équilibre bilanciel. Il faut que le coût des ressources baisse afin de pouvoir impliquer cette baisse sur les taux accordés aux clients », continue notre interlocuteur.
C’est pour dire que la baisse du taux de rémunération des comptes d’épargne est « totalement justifiée », souligne notre interlocuteur.
« Avec le contexte baissier des taux, l’argent s’oriente plus vers les dépôts à vue, vers la circulation fiduciaire, que vers les comptes d’épargne. Globalement, c’est un résultat normal d’une politique monétaire expansionniste qui vise à épauler la reprise économique. En face, l’argent devient de plus en plus liquide et les produits d’épargne capte de moins en moins le cash qui circule. Si les taux se stabilisent, cette tendance devrait relativement ralentir ».
Mais, si cette tendance se poursuit, « les produits d’épargne de taux devraient perdre leur attractivité. Une fois les taux deviennent trop bas, le produit devient de moins en moins intéressant. Pour pouvoir avoir des ressources plus stables, il faut créer de nouveaux produits qui pourraient être présentés aux clients afin d’avoir des ressources plus stables et orientées vers l’épargne », conclut Ahmed Zhani.
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