Abdullah Abaakil : « Nous voulons augmenter les budgets de l’Education, de la Santé et de la Culture »

Ex-vice-président de SADET, leader marocain du béton précontraint, et candidat PSU aux élections communales et législatives à la circonscription d'Anfa, Abdullah Abaakil livre à Médias24 les projets de son parti pour sa ville et pour le pays.

Abdullah Abaakil : « Nous voulons augmenter les budgets de l’Education, de la Santé et de la Culture »

Le 6 septembre 2021 à 21h21

Modifié 6 septembre 2021 à 21h40

Ex-vice-président de SADET, leader marocain du béton précontraint, et candidat PSU aux élections communales et législatives à la circonscription d'Anfa, Abdullah Abaakil livre à Médias24 les projets de son parti pour sa ville et pour le pays.

Médias24: Comment se déroule votre campagne électorale jusqu’à présent ?

Abdullah Abaakil: Elle se déroule plutôt bien. Nous avons été un petit peu handicapés par le fait qu’elle ait commencé en période de vacances scolaires : quatre jours de campagne ont été pratiquement tronqués, pendant lesquels nous avons certes pu communiquer avec les électeurs, mais d’une manière beaucoup moins intense que les jours qui ont suivi.

L’idée fondamentale autour de laquelle nous avons bâti notre campagne est le respect mutuel entre nous et les votants. Nous essayons de mener une campagne propre, pas très bruyante et basée sur le contact direct avec les électeurs. C’est une campagne qui a pour défaut de toucher moins de monde mais qui a pour but de les impacter davantage.

-En comparaison avec la campagne de 2016, ressentez-vous une évolution dans les retours de la population ? Les gens reconnaissent-ils plus facilement le PSU ?

-Effectivement, les gens nous reconnaissent plus fréquemment que lors de la campagne précédente, et ce, dans les différents quartiers de la métropole. La campagne de 2016 a participé à la conquête du terrain, et le grand travail réalisé par le PSU entre les deux élections au sein de la ville de Casablanca permet au parti d’être reconnu comme tel. Nous récoltons aujourd’hui les fruits de ce travail en termes de notoriété.

Nous commençons à avoir une base électorale assez conséquente, que nous devrons développer dans le temps. C’est dans cette démarche-là que nous nous inscrivons, c’est-à-dire de progresser d’élections en élections, sans s’attendre pour autant à avoir des résultats spectaculaires dès le début.

-Le PSU a mis en place une charte de l’élu, pouvez-vous nous en dire davantage ?

-La charte de l’élu est un engagement ferme des élus du PSU de rendre compte de leurs activités au sein des institutions dans lesquelles ils sont élus, de manière régulière, en ouvrant des canaux de communication permanents.

De même, en terme de transparence, nous faisons l’engagement de publier le patrimoine de tous nos élus annuellement, pour voir les changements s'il y en a. La loi impose aux élus de publier leur patrimoine, mais cette pratique est souvent effectuée en catimini, en début et en fin de mandat. Nous voulons exercer le métier de politique de manière honnête, sans en bénéficier personnellement.

L’intérêt fondamental de la charte est d’arriver à expliquer aux citoyens qu’il y a une autre façon de faire de la politique, et qu'il est possible de maintenir des canaux de communication, montants et descendants.

-Quelles sont les grandes lignes de votre programme pour la commune de Casablanca et plus spécifiquement votre arrondissement de Maarif ?

-Nous avons un projet conçu pour la ville de Casablanca dans sa globalité, mais également des projets concernant chaque arrondissement de manière particulière.

Le quartier de Maarif a subi une urbanisation accélérée au cours des dernières années, et par conséquent, il existe énormément de zones du quartier dans lesquelles il est laborieux de se déplacer, en particulier pour les personnes à mobilité réduite.

Il existe un vrai manque en terme d’espaces de proximité et nous sommes conscients du manque de terrain pour créer des espaces verts. Notre objectif est de faire respirer le quartier en dégageant un petit peu les espaces. Pour cela, nous prévoyons d’utiliser l’acupuncture urbaine pour implanter de petites structures qui animeront le paysage et serviront de point de détente.

-Vous parlez dans votre programme du passage d’une gestion déléguée à une gestion propre du service public (eau et électricité, transport, déchets…). Est-ce réalisable ? Et jusqu’à quel point ?

-C’est réalisable : nous avons réalisé un benchmark international et avons observé que plusieurs villes à travers le monde se sont débarrassées de la gestion déléguée, et ce, avant même d'arriver à la catastrophe qu’est la gestion du service public à Casablanca. Rappelons que dans le cadre de la gestion déléguée des transports urbains, nous nous sommes quand même retrouvés pendant une longue période quasiment sans bus.

L’avantage du service public est qu’il ne disparaît pas du jour au lendemain. L’entreprise privée a certes ses avantages, mais peut disparaître du jour au lendemain. De ce fait, il est indispensable, à notre sens, de maintenir les services publics sur les secteurs stratégiques.

Cela dit, il n’est pas absolument nécessaire de revenir à un système de régies : le plus important pour nous est que la gestion du cœur du service public ne soit pas déléguée, mais les métiers supports peuvent éventuellement faire l’objet d’une gestion propre, déléguée ou mixte. A titre d’exemple, la gestion du transport public doit être faite d’une manière propre, mais rien n’empêche de discuter avec des acteurs privés de la gestion de la billetterie ou d’autres éléments accessoires.

-Quelle place ont la culture et le sport dans votre programme ?

-Casablanca est une métropole extrêmement dynamique avec énormément de créativité, mais curieusement, les réglementations régissant l’espace public ne font que limiter la créativité au profit des activités commerciales. Par exemple, il est aujourd’hui interdit aux artistes de réaliser des performances dans la rue alors qu’il est tout à fait autorisé de vendre quoi que ce soit dans cette même rue.

Ce sont des situations particulièrement préoccupantes pour nous, car nous avons l’impression d’être, de plus en plus, enfermés dans des rôles de citoyen-producteur ou de citoyen-consommateur uniquement, sans espaces dans lesquels nous pouvons exprimer notre créativité.

Et là encore, nous essayons d’être le plus pointu possible tout en étant pragmatique. Notre objectif est de créer de petites structures pour rapprocher les activités culturelles et sportives des quartiers, et ne pas avoir une concentration dans le centre-ville.

Rappelons que cette concentration de l’offre culturelle et sportive oblige souvent les jeunes à traverser la moitié de la ville et à subir le transport pour parvenir à y accéder. Nous voulons redonner vie aux quartiers.

-Sur le plan national, quelles sont vos propositions concernant la réforme de l’Éducation nationale et de la santé ?

-Les réformes de l’éducation et de la santé s’inscrivent au cœur de notre programme. Pour nous, il est absolument nécessaire d’augmenter les budgets de ces deux départements, dans une vision clairement stratégique. Nous sommes conscients que l’éducation et la santé sont les piliers du développement du pays. Il faut absolument les prendre au sérieux et avoir une véritable stratégie nationale en ce qui les concerne.

Nous sommes favorables à l’augmentation des budgets de ces deux ministères, ne serait-ce qu’au niveau des standards internationaux, et les faire financer en grignotant sur d’autres budgets.

-En l’occurrence ?

-Tous les autres départements sauf celui de la culture, puisqu’on est également pour l’augmentation du budget de la culture. Pour nous, il y a énormément de départements dont les dépenses ne sont absolument pas nécessaires, et pour lesquels il y a eu d’énormes augmentations budgétaires au cours de ces 10 dernières années. Ces départements ne s’inscrivent même pas dans le cadre d’un cercle vertueux pour l’économie et le développement du pays.

-Quelle est la place du privé dans le cadre de votre réforme de l’éducation ?

-Comme dans tout pays qui se respecte, le secteur public de l’éducation doit être dominant, parce que c’est lui qui donne une identité nationale au pays. Malheureusement, nous constatons depuis une vingtaine d’années, en particulier dans les grands centres urbains, une mainmise du secteur privé sur l’éducation, au détriment du secteur public.

Par exemple, dans la circonscription où je vis, Anfa, ou dans les centres-villes des grandes villes, plusieurs écoles publiques ont été fermées au profit d’établissements privés, faute d’élèves. C’est cette tendance-là que nous essayons d’enrayer en essayant de retrouver ce que nous avions dans l’histoire du Maroc, à savoir, un secteur public de l’éducation compétent, attractif et qui préserve l’égalité des chances.

-Quelles sont vos propositions concernant la réforme de la fiscalité ?

-Il y a un travail de rationalisation qui doit être fait. Pour nous, l’élargissement de l’assiette fiscale reste le plus grand défi de cette réforme. Aujourd’hui, le nombre de contributeurs aux recettes de l’État est faible, et tout le poids du financement public pèse sur eux, en particulier les classes moyennes, notamment via le prélèvement à la source de l’IR pour les salariés.

Aussi, il est nécessaire de repenser la TVA qui est une taxe extrêmement injuste, car elle s’applique de la même manière pour tous, quel que soit le revenu. En baissant cette taxe trop élevée sur un certain nombre de produits, cela intégrerait, à notre sens, beaucoup plus d’entreprises dans le secteur formel, et contribuerait aux recettes de l’État, créant ainsi un cercle vertueux dans l’économie.

-Quelle sera votre première mesure si vous êtes élu ?

-Comme je l’ai dit et répété, ce sera une mesure d’amnistie. Ma première mesure serait de proposer au parlement une loi d’amnistie concernant l’ensemble des prisonniers politiques. Qu’il s’agisse des prisonniers politiques poursuivis suite à des mouvements sociaux comme à Al Hoceima et à Jerada, ou des journalistes enfermés.

Parce qu’à notre sens, pour que le pays avance, il faut qu’il y ait une réconciliation nationale, et qu’on arrête cette espèce de guerre entre les pro-démocratie et les pro-autoritarisme afin de repartir du bon pied.

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