Le CCSRS fait état de la résilience du secteur financier marocain mais appelle à la vigilance

Anass El Rhazi | Le 7/7/2021 à 17:37

Ce 6 juillet se réunissait le Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques (CCSRS) pour examiner l’état d’avancement de la feuille de route de stabilité financière pour la période 2019-2021 et pour évaluer les risques du système financier marocain. 

Les traditionnels risques systémiques restent d’actualité

Bien qu’il soit optimiste quant à la reprise économique du pays, le comité relève de nombreuses vulnérabilités, encore bien réelles selon lui, et qui exigent la vigilance. Ainsi, le CCSRS estime que « les signes d’amélioration des perspectives macroéconomiques commencent à s’éclaircir tant au plan national qu’international », mais que « les risques associés appellent toutefois à la vigilance en raison de la persistance des incertitudes entourant la maîtrise future de la pandémie (apparition de nouveaux variants du virus, efficacité des vaccins et leur généralisation). ».

Concernant les agrégats macroéconomiques, le comité prévoit un rebond de l’économie en 2021 et 2022 grâce aux mesures de soutien budgétaire et monétaire, à l’allègement des restrictions sanitaires et à la reprise chez nos partenaires. Mais cette relance se fera à des niveaux inférieurs à la moyenne mondiale. Le déficit du compte courant devrait s’atténuer d’ici 2022 (2,6%) et les avoirs officiels de réserves devraient augmenter (338,6 MMDH, soit plus de 7 mois d’importations). Pour ce qui est des finances publiques, le déficit budgétaire devrait s’atténuer graduellement à 7,1% du PIB en 2021 puis à 6,6% en 2022, tandis que la dette du Trésor poursuivrait sa progression à 77,8% du PIB en 2021 et 80% en 2022.

Le secteur bancaire demeure solide

Le comité relève qu’en dépit de la conjoncture difficile, le crédit bancaire destiné au secteur non financier poursuit son évolution positive, grâce notamment aux crédits de trésorerie garantis par l’état en faveur des entreprises non financières et par le maintien de la politique monétaire accommodante de la BAM.

Mais cette évolution des crédits bancaires ne signifie pas forcément une amélioration de la rentabilité et la qualité des actifs du secteur. En effet, au titre de l’exercice 2020, le résultat net agrégé des banques a baissé de 43% sous l’effet de la montée significative du coût du risque de crédit et de la contribution au fonds Covid-19 conjugué à l’augmentation du taux des créances en souffrance.

Pour autant, le secteur bancaire continue d’afficher des fondamentaux solides en matière de solvabilité et de liquidité, leurs rations étant supérieurs au minimas réglementaires. Le coussin de liquidité s’établit, quant à lui, à 191% à fin mars 2021 bien au-delà du minimum réglementaire de 100%.

Malgré la crise sanitaire, le secteur des assurances a montré sa résilience

Le comité relève que les primes émises ont augmenté de 1% pour atteindre 45,1 milliards de dirhams, grâce notamment à l’entrée en vigueur du régime obligatoire de couverture contre les conséquences d’évènements catastrophiques qui a généré un volume de primes de 476,7 millions de dirhams.

Cependant, la bonne performance de la marge d’exploitation n’a pas empêché le résultat net de céder 21% pour se fixer à 2,9 milliards de dirhams. Cette situation est due à la forte exposition de l’actif des sociétés d’assurances à la poche « actions », ce qui a entrainé un recul du solde financier. Ainsi, la contraction du marché boursier a durement impacté l’activité financière du secteur.

Au niveau prudentiel, la marge de solvabilité reste largement au-dessus du seuil réglementaire malgré la baisse qu’elle a connu. Toutefois, le comité prévoit le repli de l’excédent de la marge après le passage vers le régime prudentiel de solvabilité basée sur les risques, qui couvrira une plus large palette de risques auxquels le secteur des assurances est exposé.

La réforme systémique de la retraite pour préserver le secteur

Le CCSRS pointe la situation financière des principaux régimes de retraite qui reste difficile, en raison de l’importance de leurs dettes implicites et l’épuisement de leurs réserves. Toutefois, l’optimisme est de mise car selon le comité, « la réforme systémique de la retraite, dont l’étude relative à la conception technique de scénarios dans le cadre d’un système à deux pôles (public et privé) est à un stade avancé, permettra d’instaurer une tarification équilibrée mais également de résorber, dans des proportions importantes, les engagements passés non couverts, et partant de rétablir les équilibres financiers dans le futur. ».

 

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