La crise du Covid a boosté la demande sur l'assurance-crédit (Tawfik Benzakour)

Mouna Ettazy | Le 9/9/2020 à 16:20

En cette période de crise, à cause de la dégradation de la situation financière de plusieurs sociétés, le produit assurance-crédit a connu une forte demande, d’après Tawfik Benzakour, ancien DG d'Euler Hermes-Acmar et DG du cabinet de courtage PREVAS A.C.C.

Le besoin de se couvrir contre le risque d’impayés devient quasiment primordial pour les entreprises dans leurs relations commerciales, dans ce contexte marqué par la crise.

Les produits d’assurance-crédit ont connu en effet une forte demande pendant cette période de crise. Contacté par LeBoursier, Tawfik Benzakour, ancien DG d'Euler Hermes-Acmar, leader du secteur, et désormais DG de PREVAS A.C.C, filiale du groupe PREVAS (cabinet de courtage et de conseil en assurance), confirme cette tendance. 

L’assurance-crédit sert à garantir les transactions commerciales inte-rentreprises. Une société qui souhaite vendre un produit ou un service à ses clients à crédit peut assurer cette transaction en faisant appel à une compagnie d’assurance. Dans le cas où le client ne paie pas, l’assurance l’indemnise. Ce produit permet donc de couvrir le post client des entreprises en transférant le risque à une société d'assurance. 

« Avec la conjoncture actuelle dans laquelle nous vivons, l’assurance-crédit a connu une demande encore plus forte puisque les entreprises ont pris conscience que ce produit leur permet de sécuriser leur transactions commerciales », nous indique notre interlocuteur. 

Selon lui, cette hausse de la demande sur ce type d’assurance a concerné surtout les créances locales. Les demandes d’assurance-crédit pour les créances à l’export, elles, ont connu une stagnation depuis le mois de mars à cause des fermetures des frontières et des restrictions de déplacement mises en place par les différents gouvernements ce qui a freiné les transactions intercontinentales. 

Comment ça marche ? 

Afin de conclure un contrat d’assurance-crédit, « on soumet un questionnaire sur la base duquel l’assureur fait une étude de solvabilité de tous les clients de l’entreprise. En fonction de la qualité du portefeuille, l’assureur conçoit un contrat qui fixe une prime rémunérant le risque qu'il supportera », nous explique Tawfik Benzakour. 

Une fois  le contrat conclu, et dans le cas d’un impayé, l’entreprise va soumettre la facture de ce défaut de paiement à son assureur. Celui-ci va dans un premier temps lui offrir un service de recouvrement en essayent de récupérer la créance concernée. S’il ne réussit pas à le faire, l’assurance va indemniser son assuré à hauteur de la garantie donnée ».

L’assurance-crédit offre en effet trois services : la prévention ou l’anticipation du risque (étude de solvabilité et établissement de garantie) ; le recouvrement de la créance (en cas de défaut de paiement, l’assurance s’occupe du recouvrement) et l’indemnisation (quand la créance n’est pas récupérée, l’assurance procéde à son remboursement).

L’assureur fait une étude de solvabilité de l’entreprise. Cette étude se base sur un système de notation qui dépend de la qualité du bilan et du post client de l’entreprise qui cherche à sécuriser ses créances. Cette étape permet de déterminer la situation financière du client en se basant notamment sur la taille de l’entreprise et sur son chiffre d’affaires.

« La qualité des clients de l’entreprise est importante. Elle est liée à leur solvabilité et à leur historique de paiement », commente notre interlocuteur.

A travers ce système de notation, l’assurance se prononce sur le montant de la garantie à donner. Cette garantie peut atteindre 90% du montant de la créance, dans le cas du remboursement, d’après notre interlocuteur. 

Toutes les créances client peuvent être couvertes et toutes les entreprises, indépendamment de leur taille, peuvent faire appel à ce service d’assurance. 

Qu’en est-il du coût ? 

Le coût de l’assurance-crédit (la prime) n’est pas fixe. Il varie en fonction de plusieurs éléments. Globalement, il se calcule en fonction du chiffre d’affaires assurable et de la qualité du portefeuille assurable. « La prime peut aller de 50.000 DH jusqu’à 10 millions de DH. C’est en fonction de la taille de l’entreprise et du risque pris », nous indique notre interlocuteur. 

Au Maroc, ce marché tourne autour de 260 millions de DH de primes par an. « Nous avons remarqué que ce marché suit une croissance soutenue durant ces cinq dernières années », commente-t-il. 

Et d’ajouter : « On voit qu’il y a un intérêt particulier des compagnies d’assurance-crédit au Maroc. Il y a à peu près 25 ans, il y a eu la mise en place de la première compagnie d’assurance-crédit qui s’appelle Euler Hermes-Acmar. Durant plusieurs années, cette compagnie était la seule qui représentait ce marché au Maroc. Aujourd’hui, nous constatons qu’il y a quatre compagnies d’assurance-crédit. En dehors d’Euler Hermes-Acmar, il y a Coface, Smaex et Axa. Cette évolution montre qu’il y a un intérêt particulier pour ce type de produit ».

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