Voici comment va évoluer l’activité bancaire en 2020, selon CFG bank
Selon les prévisions de CFG bank, l’encours des crédits du secteur bancaire devrait augmenter de 3,7% en 2020. Cette hausse devrait être accompagnée d’une forte dégradation du coût du risque des banques de la place.
Tenant compte du contexte global de la crise et des mesures prises par les autorités financières, l'équipe CFG Research estime, dans une note de recherche, que « malgré les répercussions sévères de la crise sanitaire sur la performance économique du Maroc et de ses principaux partenaires commerciaux, le secteur bancaire devrait selon nous faire preuve de résilience et afficher des performances commerciales en progression grâce notamment aux mesures déployées par l’Etat pour financer et soutenir les entreprises et les ménages ».
Ils anticipent ainsi une progression de 3,7% à 950 milliards de DH de l’encours des crédits du secteur bancaire (3,1% hors créances en souffrance).
Une prévision optimiste sachant que Bank Al-Maghrib prévoit une croissance limitée à 1,9% en 2020 pour le crédit au secteur non financier.
Pour leur part, les dépôts devraient progresser légèrement de 1,1%, à 963 milliards de DH en 2020.
Ces prévisions se basent sur le scénario d’une levée progressive du confinement à partir du 10 juin où toute éventuelle deuxième vague de la pandémie du Covid-19 est exclue.
L’évolution de l’encours de crédits, prévue par CFG, découlera d’une progression des crédits de trésorerie, combinée à une baisse des crédits à l’équipement, des crédits immobiliers et des crédits à la consommation.
Dans le détail, les comptes débiteurs et crédits de trésorerie devraient progresser de 20% en passant de 190 milliards de DH en 2019 à 230 milliards de DH en 2020. Cette hausse sera portée par une progression de 25% des crédits aux entreprises privées.
Ainsi, CFG Research table sur une accélération des crédits à partir du 2ème trimestre 2020 en raison de la hausse de la demande des crédits garantis par la CCG.
Le segment des particuliers, quant à lui, afficherait une hausse de 2% dont la production surviendrait essentiellement au troisième trimestre 2020 suite à l’effet de l’Aid Al Adha et de la rentrée scolaire prévue en septembre.
Pour leur part, les crédits à l’équipement devraient baisser de 3,1% à 178 milliards de DH, contre 183 milliards de DH une année auparavant.
« Sur la base de nos hypothèses, cette baisse de régime proviendra d’un recul des crédits accordés aux entreprises privées de 8%, combinée à une quasi-stabilité des crédits accordés aux entreprises publiques », soulignent les analystes.
L’encours des crédits immobiliers devrait baisser de 2,2% à 270 milliards de DH contre 277 milliards de DH. Cette évolution intègre une baisse contenue des crédits à l’habitat de 1,7% et une baisse de 3,8% des crédits aux promoteurs immobiliers (entreprises privées et promoteurs individuels).
Plus en détail, les crédits à l’habitat devraient subir une baisse contenue attribuable à l’effet combiné d’une baisse de la production des crédits immobiliers, en lien avec le ralentissement économique prévu cette année et la baisse du pouvoir d’achat qui en découlerait, et à l’effet positif de la possibilité de report des échéances des crédits immobiliers, tel qu’annoncée par les autorités sur les encours du crédit à l’habitat.
Les crédits aux promoteurs immobiliers devraient être impactés par l’arrêt des mises en chantier durant la période de confinement sanitaire et d’une conjoncture économique difficile post confinement.
De leur côté, les crédits à la consommation devrait afficher une baisse de 4% à 54 milliards de DH contre 57 milliards de DH.
« Nous pensons que les mesures de report auraient pour impact de stabiliser les encours des crédits à la consommation sur le 2ème trimestre 2020 avant une légère croissance ponctuelle (+1%) lors du 3ème trimestre 2020 avec l’effet stimulateur de l’Aid Al Adha et de la rentrée scolaire », indiquent les analystes. Pour le 4ème trimestre 2020, une baisse de la production des crédits à la consommation est anticipée en raison du ralentissement économique.
Les créances en souffrance devraient augmenter de 11%
Les créances en souffrance devraient augmenter de 11% à cause de la dégradation du profil de risque des entreprises et dans une moindre mesure de celui des ménages. Le taux des créances en souffrance s’établirait à 8,5% à fin 2020 contre 7,5% en 2019.
Ces prévisions se basent sur le scénario d’une montée des créances en souffrance pour le segment entreprise à partie du 3ème trimestre 2020. « Le 2ème trimestre ayant été épargné de cette hausse en raison des reports des échéances ».
Le segment des ménages connaitrait également une hausse des créances en souffrance compte tenu d’une conjoncture économique difficile qui devrait induire une dégradation des revenus des ménages et aussi une hausse du taux de chômage.
Pour sa part, le coût du risque devrait marquer une hausse largement supérieure à celle des créances en souffrance.
Compte tenu de la norme IFRS9 et de l’exposition du secteur bancaire à un certain nombre de secteurs qui devraient subir les effets de la pandémie du Covid-19, les banques devraient subir une forte dégradation de leurs coûts du risque.
A rappeler que depuis l’implémentation de la norme IFRS 9, les banques sont tenues, en plus de constater des provisions sur des risques avérés, de reconnaitre des dépréciations des actifs financiers basées sur les pertes de crédit attendues.
Encours de crédits accordés aux secteurs les plus touchés par la pandémie du Covid-19 :
Secteur | Encours à fin 2019 (En MDH) | En % de l'encours total |
Bâtiment et travaux publics | 96,29 | 10.5% |
Commerce,réparations automobiles et d'articles domestiques | 58,74 | 6.4% |
Transports et communications |
40,66 | 4.4% |
Industries métallurgiques, mécaniques, électriques et éléctroniques | 19,50 | 2.1% |
Hotels and restaurants | 13,94 | 1.5% |
Textile | 6,30 | 0.7% |
Source : CFG Research.
Hausse prévue de 2,1% des dépôts non rémunérés en 2020
L’évolution des dépôts devrait être portée par une progression de 2,1% des dépôts non rémunérés combinée à une quasi-stabilité des dépôts rémunérés.
Les analystes de CFG soulignent que ces prévisions intègrent l’hypothèse d’un impact limité de la crise actuelle sur les réserves de changes et d’un retour du niveau de la monnaie scripturale à un niveau normatif après le mouvement de panique observé en mars avec pour conséquence des retraits massifs de liquidités.
CFG bank recommande d’acheter Attijariwafa bank
Tenant compte du contexte général et de l’analyse précédente, l’équipe CFG a émis, après avoir révisé ses prévisions, ses recommandations concernant 3 banques cotées à la bourse de Casablanca : Attijariwafa bank, BCP et CIH.
Voici un tableau résumant les recommandations de CFG :
Banque |
Cours au 19/06 |
Cours cible | Potentiel de hausse | Recommandation | RNPG 2020 (En MDH) | Var. par rapport à 2019 | |
AWB | 364 | 420 | +15% | Acheter |
|
-30% | |
BCP | 223 | 250 | +12% | Conserver |
|
-31% | |
CIH | 255 | 270 | +6% | Conserver |
|
-53% |
Source: CFG Research.
L’équipe CFG bank indique que le groupe Attijariwafa bank demeure sa valeur préférée au sein du secteur bancaire marocain en raison des principaux facteurs suivants :
- Attijariwafa bank dispose de l’une des structures de revenus les plus diversifiées du secteur ;
- La politique prudente du groupe en termes de provisionnement nous conforte sur sa capacité à renormaliser son coût du risque plus rapidement que le secteur bancaire national sur les prochaines années ;
- La banque affiche le meilleur couple rentabilité/multiples de valorisation du secteur.
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