Coronavirus : La mondialisation n'a pas pu répondre à la crise sanitaire (CSMD)
La Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) organise une série d’audiences en ligne concernant la crise sanitaire actuelle liée au Coronavirus. Mardi 21 avril, le thème de la conférence était les répercussions de cette crise sur les équilibres géopolitiques et géoéconomiques mondiaux.
" A quoi ressemblerait le monde d'après? "
Pour aborder cette question, la CSMD a reçu différents intervenants. Ces derniers sont tous d’accord sur le caractère inédit de la crise du Coronavirus dans l’histoire de l’humanité. Pour eux, elle ne ressemble à aucune crise précédente.
Selon Miguel Ángel Moratinos, haut-représentant de l’Alliance des civilisations et ancien ministre des affaires étrangères espagnol, cette crise a mis à mal la mondialisation puisque celle-ci n’a pas pu y répondre.
"Il y a une contradiction au niveau de la stratégie mondiale. On répond à une crise globale par une réponse unilatérale ou nationale” explique-t-il.
De son côté, Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères en France, confirme que la crise actuelle est le résultat d’une mondialisation déréglée. Il s'en suivrait, selon lui, une remise en question de la chaîne de valeur mondiale. Cela en intégrant la valeur écologique qui impacterait ainsi le mode de croissance.
Parmis les décisions à prendre, il souligne qu’il faudrait revoir le modèle du tourisme (qui impacterait directement les compagnies aériennes) et réduire l'écart au niveau des salaires, qui est beaucoup plus flagrant au milieu de cette crise.
Il ajoute qu’il faut mettre en oeuvre une stratégie d'écologisation qui permettrait de réduire le risque de déconfinement des virus.
D’autre part, il affirme que la science est impérative pour faire face à ce genre de situations. Selon lui, il est nécessaire d’avoir un système scientifique indépendant pour alerter l’humanité en cas d’apparition d’une nouvelle pandémie.
Concernant l’Union Européenne, il explique que cette dernière pourrait, suite à cette crise, remettre en question sa politique industrielle. Cela par la relocalisation de son industrie.
Selon Youssef Amrani, Ambassadeur du Maroc en Afrique du Sud, le nouvel ordre mondial doit être remis en cause selon ces paramètres : l'éthique, la solidarité, l’empathie et la complexité.
Il faut revoir, selon lui, le système mondial pour mieux cerner les contours de sa complexité et répondre d’avantage aux besoins humains. “Il faut injecter une dose d’humanisme dans les modes opératoires des relations internationales” a-t il souligné.
D’autre part, il confirme que l’Afrique reste le continent le plus violemment impacté par la crise sanitaire à cause de son manque de moyens.
De son côté, Mohammed Loulichki, Senior fellow au Policy Center for the New South et ancien Ambassadeur du Maroc auprès de l’ONU explique que cette crise a permis la réabilitation du rôle de l’Etat en lui attribuant une grande responsabilité. Ce dernier devrait donc reconsidérer ses services publiques à savoir la santé et l’éducation pour pourvoir construire un nouveau contrat social.
Il évoque également le rôle de la Chine qui, malgré les critiques, a oeuvré pour aider les autres pays ce qui lui permetterai de s’imposer davantage au niveau mondial.
“Cette crise ne disparaîtra pas sans un vaccin” déclare Daniel Cohen, Économiste. Selon lui, le monde passera par une phase de confinement, déconfinement et re-confinement jusqu’en 2022.
D’après lui, il faut impérativement soutenir les économies en hibernation à cause de cette crise.
Il ajoute que le monde devrait se mettre à une reflexion collective concernant le cas délicat de l'Italie et déployer des mécanismes pour accompagner les Etats émergents, dont les pays africains, qui sont les plus grandes victimes de cette crise.
Ci-dessous l'intégralité de la conférence, qui a été diffusée en direct sur la page Facebook de la CSMD :
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