Un prix du baril négatif, symptôme d'un pétrole en crise

| Le 2/4/2020 à 11:49

Face au déséquilibre d'une demande atone et d'une offre surabondante, certains types de pétrole s'échangent bien en-dessous des cours des barils de référence, l'un d'entre eux ayant même connu un prix négatif.

 

Ainsi le baril américain de Wyoming Asphalt Sour, un pétrole dense utilisé principalement pour produire du bitume, est "tombé à un prix négatif" au cours du mois de mars, affirme à l'AFP Per Magnus Nysveen, de Rystad.

"Cela signifie que les producteurs donnent leurs barils", résume Craig Erlam "parce qu'ils n'ont nulle part pour le stocker", les réserves mondiales de brut étant déjà aux trois quarts pleines.

Les réserves actuelles de pétrole brut à terre et dans les navires "dépassent le précédent pic atteint début 2017", avaient constaté la semaine passée les analystes de Kpler dans une note, "et ces stocks continuent de croître".

Mercredi, l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA) a fait elle aussi état d'une hausse très importante de ses stocks, quatre fois supérieure aux attentes des analystes.

Car si la demande a été brutalement atteinte par la pandémie de Covid-19 et les mesures de confinement qui l'accompagnent, l'offre en revanche ne fait que croître de la part des principaux producteurs mondiaux, sur fond de guerre des prix entre Ryad et Moscou. Ce déséquilibre exerce une pression très forte sur les prix.

Jeudi, le baril de Southern green canyon du golfe du Mexique valait par exemple 13,31 dollars, le Nebraska intermediate 6,75 dollars et l'Oklahoma sour 4,25 dollar.

Le Western Canada select évoluait lui aussi autour de la barre des 5 dollars. "En prenant en compte les coûts de transports, on peut également considérer qu'il est lui aussi en terrain négatif", ajoute l'analyste de Rystad.

- Victimes américaines -

Voir les cours massivement passer en-dessous de zéro est toutefois "presque impossible", estime M. Erlam.

Cependant, les analystes de Goldman Sachs sont plus nuancés et ont évoqué dans une note lundi "un contexte très défavorable aux prix du pétrole" qui pourrait bien en envoyer certains "en territoire négatif".

"Si la situation perdure, certains producteurs commenceront à fermer les robinets", a répondu l'analyste de Oanda, contacté par l'AFP, avec pour effet de diminuer l'offre sur le marché et par conséquent de soutenir les prix.

Les premières victimes pourraient être les compagnies qui extraient du pétrole de schiste aux Etats-Unis, dont le coût de revient est pour la plupart bien supérieur aux cours actuels.

Pour défendre son industrie, le président américain Donald Trump a annoncé mercredi qu'il recevrait vendredi les dirigeants des grands groupes pétroliers américains.

"Nous ne voulons pas perdre nos formidables groupes pétroliers", a déclaré M. Trump lors de son point de presse quotidien sur la pandémie.

"Je pense que je sais comment régler le problème", a-t-il ajouté, sans autres précisions.

Les deux cours de référence, le WTI américain et le Brent de la mer du Nord européen, valaient respectivement jeudi aux alentours de 22 et 27 dollars le baril.

Ils ont perdu les deux tiers de leur valeur depuis le début de l'année, ce qui représente leur plus lourde chute trimestrielle depuis la création de ces contrats dans les années 1980.

(AFP)

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