Le chômage explose au Maroc à cause de la crise du Coronavirus

810.000 employés déclarés à la CNSS en arrêt de travail. Ils viennent s’ajouter au 1,1 million de chômeurs que comptait le Maroc à fin 2019. Le compteur continue à tourner et avec le chômage qui frappe l’informel, les chiffres vont exploser, au moins pour un certain temps.

Le chômage explose au Maroc à cause de la crise du Coronavirus

Le 2 avril 2020 à 16h03

Modifié 11 avril 2021 à 2h45

810.000 employés déclarés à la CNSS en arrêt de travail. Ils viennent s’ajouter au 1,1 million de chômeurs que comptait le Maroc à fin 2019. Le compteur continue à tourner et avec le chômage qui frappe l’informel, les chiffres vont exploser, au moins pour un certain temps.

Finalement, 810.000 employés du secteur privé, déclarés à la CNSS, ont été inscrits par leurs employeurs pour bénéficier de l’indemnité que servira le Fonds spécial pour la gestion des effets du Coronavirus au titre du mois de mars. Soit le tiers du nombre total des salariés déclarés du secteur privé à fin février.

Ces travailleurs qui ont perdu temporairement leurs emplois, viennent s’ajouter au 1,1 million de chômeurs que comptait le Maroc à fin 2019, selon les derniers chiffres du HCP. L’augmentation est donc phénoménale : +70% ou 1,9 million de personnes ! Le taux de chômage passerait avec cette nouvelle population à près de 16% contre 9,2% à fin 2019. La population active au Maroc (ayant un emploi ou à la recherche d’emploi) s’élevant à 12 millions de personnes.

En comptant les personnes qui vont encore s’inscrire au titre des mois d’avril jusqu’à juin, ces chiffres vont encore augmenter. Et si l’on prend en compte les emplois non déclarés et les emplois informels perdus, les chiffres vont littéralement exploser, au moins jusqu'à la fin de la crise actuelle qui risque de durer et dont les séquelles pourraient persister bien au-delà.

Jusqu'à 5 millions de chômeurs ?

Si les statistiques sur le nombre d’emplois formels perdus sont disponibles et seront actualisées régulièrement, il est difficile de quantifier les emplois informels et non déclarés perdus.

Les systèmes mis en place par le gouvernement (recensement des pertes d’emplois des bénéficiaires du Ramed) ou qui le seront bientôt (recensement des non bénéficiaires du Ramed) pour soutenir financièrement les ménages précaires, pourraient fournir un bilan sur les emplois non déclarés et informels perdus, si les chiffres sont rendus publics.

De même, la prochaine enquête nationale sur l’emploi du HCP, au titre du premier trimestre 2020, qui sera publiée dans environ un mois, fournira une évolution globale du chômage.

En attendant, dans une déclaration à l’AFP, le ministre des Finances Mohamed Benchaâboun a donné une estimation du nombre de ménages qui seront soutenus, que ce soit dans le formel ou l’informel : 4 millions de ménages.

Si l’on considère qu’il y a uniquement une personne active occupée ayant perdu son emploi par ménage soutenu, on pourrait en déduire que le nombre de chômeurs sera multiplié par 5, passant de 1 à 5 millions.

Attention, il s’agit d’un calcul simpliste à prendre avec beaucoup de précaution.

La crise met à nu l'ampleur de l'informel et du travail non déclaré

Quoi qu’il en soit, les principales caractéristiques de la population active occupée, fournies par le HCP, renseignent sur le poids du travail informel et non déclaré au Maroc qui subit de lourdes pertes à cause de la crise actuelle.

En effet, seuls 24% des actifs occupés ont une couverture médicale. Sur les 76% restants, soit 8,3 millions de personnes, une majorité est non déclarée ou exerce dans l’informel.

Sur l’ensemble des actifs occupés, seuls 50% sont des salariés, soit 5,5 millions de personnes. Toutes ne sont pas déclarées, la CNSS ne comptant que 3,4 millions de salariés déclarés et l’Etat moins de 1 million de fonctionnaires (administration centrale, collectivités territoriales, entreprises et établissements publics).

Selon le HCP, 55% des salariés ne disposent d’aucun contrat formalisant leur relation avec l’employeur.

Le reste des actifs occupés est constitué de 30% d’indépendants, soit 3,3 millions de personnes dont l’écrasante majorité exerce un emploi précaire, souvent informel ; et de 15% d’aides familiales (1,6 million).

Par secteur d’activité, 3,5 millions de personnes travaillent dans l’agriculture, forêt et pêche, secteur réputé pour être faiblement structuré et qui subit, en plus de la crise du Coronavirus, l’impact de la sécheresse.

Le BTP, où la non-déclaration et l’informel sont également prédominants, emploie plus de 1,1 million de personnes.

Enfin, 45% des actifs occupés, soit 5 millions de personnes, travaillent dans les services. Le tiers est dans le commerce, secteur très touché par la crise actuelle ; près de 8% dans l’hôtellerie et restauration, secteur complètement à l’arrêt ; près de 12% dans le transport et la logistique, également impacté ; et près de 11% dans les services personnels et domestiques (personnel de maison…) dont beaucoup ont perdu leurs emplois à cause de la propagation du virus.

>>Lire aussi : Coronavirus : Des millions de personnes dans la précarité attendent un soutien

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