Les bourses du Golfe plongent à l'orée d'une guerre des prix du pétrole

| Le 9/3/2020 à 7:55

Les Bourses du Golfe ont atteint dimanche leur plus bas niveau depuis des années, alors que se dessine une guerre des prix pétroliers après l'échec de négociations entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et la Russie sur des réductions de production.

L'Opep et ses alliés, Moscou en tête, n'ont pas réussi à s'entendre vendredi 6 mars à Vienne sur des coupes supplémentaires dans leur production pour faire face à la baisse de la consommation mondiale d'or noir en raison de l'épidémie du nouveau coronavirus.

La Russie s'est opposée à une nouvelle réduction de 1,5 million de barils par jour destinée à enrayer la chute des cours du brut, qui ont encaissé une baisse brutale à l'annonce de l'échec des négociations.

En réponse, l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, dont dépendent ses recettes, a entamé une guerre des prix en procédant à sa plus grande réduction depuis une vingtaine d'années, selon l'agence Bloomberg, inondant ainsi le marché de barils à bas coût.

Ryad a réduit son prix pour livraison en avril de 6 dollars par baril comparé au mois de mars en Asie, de 7 dollars aux Etats-Unis et de 6 à 8 dollars en Europe occidentale et en région méditerranéenne où la Russie vend une grande partie de sa production.

- "Bain de sang" -

"L'Arabie saoudite répond au rejet de la Russie sur des réductions de production en lançant une guerre des prix", explique à l'AFP Bill Farren-Price, du centre de recherche Petroleum Policy Intelligence.

"Ils vont augmenter les volumes (d'exportations) et chercher à tout prix à gagner des parts de marché. Les prix du pétrole s'effondreront lundi" lorsque les marchés mondiaux s'ouvriront, prédit-il.

Selon Bloomberg, l'Arabie saoudite aurait évoqué la possibilité d'augmenter sa production, actuellement de 9,7 millions de barils par jour, alors qu'elle l'avait drastiquement réduite à partir de 2017 dans le cadre d'un accord de l'Opep et de ses alliés pour soutenir les prix.

"La combinaison d'une production pétrolière plus élevée et d'une demande plus faible due au (nouveau) coronavirus rend (un effondrement des prix) inévitable. On va vers un bain de sang", estime l'expert.

Une guerre des prix du pétrole en 2014 avait déjà fait chuter les cours à moins de 30 dollars le baril, affectant lourdement les économies du Golfe, obligées de recourir à des mesures d'austérité inédites pour combler leur déficit budgétaire.

Les cours du pétrole ont déjà dégringolé de plus de 30% depuis le début de l'année sur fond de ralentissement économique dû à la propagation du nouveau coronavirus.

Vendredi, l'échec de la réunion de Vienne a fait s'effondrer le WTI, baril de référence aux Etats-Unis, de plus de 10% à 41,28 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord a lui chuté de plus de 9% à 45,27 à Londres, des niveaux plus vus depuis près de quatre ans.

- Golfe dans le rouge -

Déjà affectée par la propagation de la maladie Covid-19 et la baisse des prix du pétrole, la Bourse saoudienne, classée parmi les plus grandes places internationales en termes de valorisation, a clôturé en baisse de 8,3% dimanche et a atteint son plus bas depuis novembre 2017.

L'action du mastodonte pétrolier Saudi Aramco a dégringolé à 30 riyals, atteignant pour la première fois un prix inférieur à celui de lancement (32 riyals) en décembre lors d'une introduction en grande pompe à Ryad qui avait battu tous les records.

Avec la réduction décidée vendredi, Aramco vend son baril d'Arabian Light à un prix sans précédent: 10,25 dollars en dessous du baril de Brent de la mer du Nord, selon Bloomberg.

Cette chute intervient également sur fond de turbulence politique en Arabie saoudite, où les autorités ont arrêté vendredi trois princes accusés d'avoir comploté pour renverser le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane.

Les six autres Bourses du Golfe ont clôturé dans le rouge, après une journée de ventes d'actions dans la panique en raison des craintes de voir s'effondrer les prix de l'énergie, principale source des recettes publiques dans la région.

La Bourse de Dubaï a dévissé de 7,9%, atteignant son niveau de clôture le plus bas en six ans, tandis que la place de l'émirat voisin d'Abou Dhabi a chuté de 5,4%.

Celle du Qatar a enregistré une baisse de 2,9 % et atteint son plus bas niveau depuis la mi-2018.

L'indice principal de la place du Koweït, Premier Index, a dégringolé de 10% tandis que l'indice All-Shares a baissé de 8,3%.

Les marchés financiers, moins importants, de Bahreïn et d'Oman ont chuté respectivement de 3,4% et 2,8%.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 19/5/2024 à 10:14

    Immobilier. Arrondissement par arrondissement, voici les prix pratiqués à Casablanca en 2023

    Sidi Moumen, Hay Hassani, Aïn Chok, Maarif, Ain Sebaa ou Anfa,... L'immobilier d'un arrondissement à un autre change. Où se concentrent les ventes immobilières au sein du grand Casa en 2023 ? Comment se sont comportés les prix ? Les données exclusives fournies par notre partenaire Yakeey apportent la réponse.
  • | Le 17/5/2024 à 15:08

    CFG Bank : indicateurs en forte hausse à fin mars, RNPG 2024 attendu en hausse de 40% à 50%

    Le groupe affiche une forte hausse de ses indicateurs à tous les niveaux à fin mars. Le PNB progresse de 44%. Le RBE progresse à un rythme plus soutenu, du fait d'une bonne maîtrise des charges qui croissent moins vite que le PNB. Le RNPG 2024 du groupe devrait progresser entre 40% et 50%.
  • | Le 17/5/2024 à 14:00

    Disway : baisse de 9% du chiffre d’affaires à fin mars

    Le segment Volume a vu son chiffre d’affaires reculer de 11,6% du fait de retards de plusieurs projets, de la baisse de la demande sur plusieurs produits technologiques en raison de la hausse des droits de douanes et de la rupture de plusieurs segments de produits à cause des incidents en mer Rouge.
  • | Le 17/5/2024 à 10:38

    Crédit du Maroc : hausse de 16,5% du RNPG au 1er trimestre 2024

    Le groupe affiche une bonne tenue des crédits avec un encours en hausse de 7,1% à 53,2 MMDH. Le PNB progresse de 10% du fait de la bonne tenue des marges d’intérêts et sur commissions.
  • | Le 16/5/2024 à 15:53

    Oncorad : “D’ici début 2026, nous souhaitons tripler la valeur du groupe” (Redouane Semlali)

    Il y a un an, le groupe Oncorad annonçait une levée de fonds de 458 MDH auprès de CDG Invest Growth et STOA. Depuis, quels sont les changements structurels et les développements qui ont été menés ? Création de holdings, acquisition de foncier... Redouane Semlali, PDG et cofondateur du groupe, nous en dit plus.
  • | Le 15/5/2024 à 16:57

    BKGR anticipe une hausse de 13,4% de la capacité bénéficiaire de la cote cette année à 33,2 MMDH

    L’industrie devrait voir sa capacité bénéficiaire progresser de 15,6% à 17,7 MMDH. Les financières devraient enregistrer une croissance de 10,7% à 13,8 MMDH. La capacité bénéficiaire des assurances devrait s’apprécier en 2024 de 14% à 1,7 MMDH. La masse des dividendes en 2024 est également attendue en hausse de 6,3% à 21 MMDH.