Flexibilité du dirham: Trois questions à Larbi Mouline, Directeur des marchés de capitaux à Société Générale Maroc
Larbi Mouline, Directeur des marchés des capitaux à Société Générale Maroc, estime qu'en 2019, il n'y a pas eu d’évolution du cours de change qui aurait nécessité un élargissement de la bande de fluctuation actuelle du dirham. Il avance également que les banques marocaines sont prêtes à franchir ce pas.
En deux ans, le dirham est parvenu à réussir le premier passage vers un régime de change plus flexible. Une première étape à travers laquelle la force du dirham a été démontrée, et où celui-ci ne s'est pas déprécié ; contrairement aux pronostics des autorités monétaires et financières aussi bien marocaines qu’internationales.
Le Gouverneur de la Banque Centrale Abdellatif Jouahri a par ailleurs annoncé, lors de la conférence de presse suivant le Conseil trimestriel de Bank Al-Maghrib en décembre 2019, que le futur élargissement de la bande de fluctuation sera plus important que le premier, en l'occurrence une bande de fluctuation à 5% (+/-2,5% de part et d'autre du cours central).
Le Wali de Bank Al-Maghrib n'a pas livré de date pour cette prochaine étape, et d'aucuns se demandent si l'année 2020 sera celle du deuxième élargissement. Larbi Mouline, Directeur des marchés des capitaux à Société Générale Maroc, répond à quelques questions de notre part sur le sujet.
- LeBoursier: Avez-vous des échos à propos du prochain élargissement de la bande de fluctuation du dirham?
- Larbi Mouline: Nous suivons la question avec beaucoup d’intérêt. Toutefois, nous n’avons pour le moment aucune information ni indicateur qui pourrait nous laisser penser à un élargissement imminent de la fourchette.
Au cours de l’année 2019, nous n’avons pas observé d’évolution du cours de change qui aurait nécessité un élargissement de la bande de fluctuation, puisque la parité USD/MAD s’est maintenue en moyenne à 1,2% en-dessous du Mid fourchette BAM.
En d’autres termes, les variations du cours de change demeurent amplement contenues à l’intérieur de la fourchette fixée par la Banque Centrale, dans un marché qui s’auto-régule en termes d’offre et de demande de devises. Par conséquent, Bank Al Maghrib n’a à aucun moment eu besoin d’intervenir sur le marché dans un objectif de régulation des cours.
- Lors de la dernière conférence de presse suivant le Conseil trimestriel de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri a affirmé que le futur élargissement de la bande de fluctuation sera plus important que le premier. A votre avis personnel et selon les expériences d'autres pays, de combien serait le prochain élargissement?
Il est difficile de se prononcer sur la question, seule la Banque Centrale saura quantifier et décider d’un éventuel élargissement au moment opportun.
Je ne pense pas qu’il soit pertinent de se projeter à travers l’expérience d’autres pays, car chaque situation est particulière et nécessite l’ajustement adéquat.
- Les salles de marché marocaines sont-elles aujourd'hui prêtes pour un élargissement suppélementaire de la bande de fluctuation?
En cas de tensions sur la devise, la Banque Centrale pourrait prendre la décision d’un élargissement supplémentaire de la fourchette de fluctuation. Cela induirait probablement davantage de volatilité dans l’évolution des cours de change. Toutefois, du côté des banques, cela n’apporte pas de changement majeur dans la façon avec laquelle nous opérons.
Nous appréhenderons certes les risques de manière plus fine, mais nous serons toujours en mesure de servir les besoins de la clientèle.
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