Contrebande : les messages forts du DG de la Douane aux distributeurs

Nabyl Lakhdar a été reçu par la fédération Tijara 2020. Il s’est attardé longuement sur la lutte contre la contrebande. Pour lui, le Maroc est à un tournant. Il appelle les distributeurs à contribuer à la reconversion des colporteurs.

Contrebande : les messages forts du DG de la Douane aux distributeurs

Le 8 janvier 2020 à 16h37

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

Nabyl Lakhdar a été reçu par la fédération Tijara 2020. Il s’est attardé longuement sur la lutte contre la contrebande. Pour lui, le Maroc est à un tournant. Il appelle les distributeurs à contribuer à la reconversion des colporteurs.

Nabyl Lakhdar, DG de l’Administration des douanes et impôts indirects, était l’invité, ce mercredi 8 janvier, de la fédération Tijara 2020 des métiers de la distribution des produits de grande consommation.

L’objectif était de présenter les dispositions douanières de la loi de finances 2020. Mais le patron de la Douane en a profité pour exposer les chantiers sur lesquels son département travaille : digitalisation, refonte du code douanier…

Lakhdar s’est longuement attardé sur la lutte contre la contrebande dans laquelle sa direction et d’autres pouvoirs publics sont engagés. Il a fait le bilan des dernières réalisations en la matière et lancé un appel aux opérateurs privés de la distribution.

> Voici ses principaux messages.

« Le Maroc est à un moment charnière. Les pouvoirs publics ont enclenché quelque chose d’important (en matière de lutte contre la contrebande, NDLR) et il ne faut surtout pas reculer. Mais nous avons besoin de vous (opérateurs de la distribution). Parce que ce n’est pas simple à gérer tous les jours.

« Je vous présente d’abord ce qui a été fait jusque-là.

Les gros contrebandiers ont reçu le message et commencent à se reconvertir

« A Bab Sebta, le couloir dédié aux colporteurs, ceux qui font ce qu’on appelle à tort de la contrebande vivrière, est fermé depuis plusieurs mois.

« Historiquement, on n’avait jamais assisté à une telle situation. Toutes les fermetures passées de Bab Sebta, hormis celles de l’été et des jours fériés, étaient à l’initiative de l’Espagne. Pour la première fois, le Maroc a décidé de s’attaquer de manière souveraine à cette problématique.

« Nous allons tous pousser pour qu’il n’y ait pas de rétropédalage sur ce sujet.

Un emploi dans la contrebande tue 10 emplois dans l'économie formelle

« Nous n’avons rien contre les petits colporteurs. C’est contre les mafias de la contrebande qui sont derrière ce trafic que nous nous battons. Il faut savoir qu’un emploi dans la contrebande tue approximativement 10 emplois dans l’économie formelle. Il faut accepter d’avoir un peu de casse pour le bien de tous.

« Aujourd’hui, nous avons presque gagné cette bataille parce que les gros contrebandiers ont senti que l’Etat est dans une logique de fermeture et qu’il ne reculera pas.

« Certains d’entre eux sont aujourd’hui prêts à se reconvertir dans le formel. Nous sommes avec eux dans une logique d’accompagnement. Ils ont commencé à venir chez nous pour voir comment ils peuvent commencer à importer légalement ou à mettre en place des dépôts de l’autre côté des deux enclaves, à Kénitra, Tanger, Tétouan, Selouane ou Nador.

Le port de Bni Nsar revit

« Depuis juillet 2018, nous avons interdit l’entrée des opérations commerciales via Bab Melilia. Ce dernier est comme Bab Sebta mais en plus grand. Jusqu’à juin 2018, il y avait des remorques et des conteneurs qui rentraient via ce passage.

« A côté, le port de Beni Nsar était quasiment au chômage technique. Il n’y avait aucun conteneur qui débarquait vu qu’il n’y avait aucune ligne maritime le reliant au réseau international.

« Cela a complètement changé aujourd’hui. Nous avons réussi à mettre en place une ligne maritime et aujourd’hui, quand un bateau ramène 200 conteneurs au Maroc, 150 à 160 sont débarqués à Nador et seulement une quarantaine à Melilla.

« C’est dire qu’une bonne partie du trafic destiné à Melilla était écoulé sur le marché marocain. Aujourd’hui, les choses commencent à fonctionner correctement.

A Guergarate, normalisation progressive

« A Guergarate, il y a un travail qui est fait avec les autorités pour faire en sorte que les importations via ce poste frontière se normalisent petit à petit. On est dans une logique progressive, on ne fait pas d’opération coup de poing. On réduit progressivement les cas de non-conformité à tous les niveaux », a dit Lakhdar en guise de bilan.

Le DG de la Douane reconnait que le phénomène est loin d’être éradiqué mais assure que les résultats sont visibles.

Les prix de la contrebande augmentent, les quantités baissent

« Je ne suis pas en train de dire que la contrebande a été complètement éradiquée mais vous pouvez constater, si vous faites un tour à Fnideq ou M’diq, que les prix ont augmenté et que les quantités de marchandises de contrebande ont diminué.

« Autre indicateur, aujourd’hui il y a de plus en plus de demandes de transfert de scolarité au niveau de la province M’diq-Fnideq. Cela veut dire que les gens qui vivaient de la contrebande et qui aujourd’hui ne trouvent plus aucun intérêt à rester dans cette région sont en train de revenir à leurs régions d’origine. Car une très grande partie des colporteurs ne sont pas originaires du Nord », affirme Nabyl Lakhdar.

Ce dernier a lancé un appel aux distributeurs pour contribuer à la lutte contre la contrebande.

« Si j’ai un message à faire passer, ce sera celui de travailler ensemble pour trouver des solutions pour ces gens-là. Il ne faut pas qu’ils se retrouvent dans une plus grande précarité.

L’appel du DG de la Douane aux distributeurs

« L’idée est de ne pas casser cette dynamique. Nous avons besoin de vous en tant qu’opérateurs de la distribution pour essayer de trouver, avec l’Etat, les collectivités locales et la société civile des solutions.

« Il y a des gens qui sont capables de travailler demain dans les usines, d’autres pour lesquels on pourrait mettre en place des projets générateurs de revenus dans le cadre de l’INDH. Mais il y a ceux qui pourraient être sponsorisés et accompagnés par des opérateurs de la distribution.

« Par exemple, ils peuvent travailler dans la distribution de cigarettes dans le secteur formel. Je pense surtout aux femmes, aux handicapés et à certains mineurs », conclut, sur ce sujet, le patron de la Douane

16% des conteneurs sont contrôlés

Un membre de Tijara 2020 confirme qu’après avoir énormément souffert pendant des années de la contrebande, il a constaté ces derniers mois une baisse des flux illégaux après la fermeture de Bab Sebta. Toutefois, il a souligné que la vraie contrebande entre par les conteneurs via les ports marocains à cause de réseaux et techniques connus de tous. « Qu’est-ce qui est fait pour lutter contre cette contrebande ? », a-t-il demandé au patron de la Douane.

« La contrebande par conteneurs, nous l’appelons fraude commerciale. Il s’agit de conteneurs avec des sous-déclarations ou de fausses déclarations.

« Nous avons fait le choix qui est celui du monde entier de travailler par la sélectivité. Nous ne vérifions pas tous les conteneurs, on en ouvre 16 sur 100 sur la base d’un système. Ce n’est pas le douanier qui décide. Les douaniers ont une petite marge de manœuvre qu’ils doivent en plus justifier.

« Le système décide si un conteneur doit être contrôlé ou pas, sur la base de plusieurs critères (valeur déclarée, pays d’origine, nature de la position…). Ce sont des choses qui évoluent avec le temps. Il y a aussi une dose de contrôle aléatoire », a expliqué Nabyl Lakhdar.

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