McKinsey : Les banques européennes doivent repenser radicalement leurs modèles
Selon le cabinet de conseil McKinsey, les banques américaines et asiatiques résistent mieux au ralentissement économique global que leurs consoeurs européennes, qui pâtissent de taux d'intérêt bas. Détails.
Dans son rapport annuel sur le secteur bancaire mondial pour 2019, le cabinet de conseil McKinsey estime que face à un ralentissement mondial de la croissance, les banques du monde entier doivent de toute urgence envisager une série de mesures radicales et audacieuses pour freiner l'impact conjoncturel.
"Une décennie après la crise financière mondiale, les signaux indiquant que le secteur bancaire est entré dans la dernière phase du cycle économique sont clairs : la croissance des volumes et des revenus nets ralentit, avec une croissance des prêts de seulement 4% en 2018, la plus basse des cinq dernières années", souligne le rapport de McKinsey.
Le cabinet avance que ce sont près de 60% des banques à travers le monde qui affichent des rendements inférieurs aux coûts des capitaux propres. McKinsey ajoute qu’un ralentissement économique prolongé avec des taux d’intérêt faibles, voire négatifs, pourrait encore causer des ravages.
Dans son rapport, McKinsey classifie les banques étudiées dans une matrice qui rassemble quatre catégories, mesurées selon deux critères à savoir la force de l'entreprise et la stabilité du marché dans lequel elle opère. Il en ressort quatre groupes à savoir les Market leaders (leaders de marché), les résilients, les "challengés", ou les followers (suiveurs). McKinsey adresse aux banques de chaque catégorie un ensemble de leviers que le management devrait prendre en compte afin de mieux endurer le ralentissement conjoncturel.
Source: McKinsey
Il faut néanmoins dire que parmi les banques issues de pays développés et émergents étudiées par le cabinet, les banques ouest-européennes affichent les pires perforamnces.
En effet, ces banques là forment la majorité des banques mises par McKinsey dans la catégorie des "challengés". Les banques de cette catégorie font face à des conditions macro-économiques faibles, notamment une croissance lente des prêts et des taux d’intérêt bas.
Bien qu’elles affichent la meilleure performance en termes de coûts, elles affichent toutefois les revenus les plus bas : "Une analyse plus poussée de cette catégorie montre également que la plupart de ces banques sont ‘prises au milieu’, sans part de marché élevée ni des propositions de niche", indique le rapport.
Pour cette catégorie de banques, McKinsey indique que le sentiment d’urgence est particulièrement aigu en raison de la faiblesse de leurs bénéfices et de leur position capitalistique : "Les banques de ce groupe doivent repenser radicalement leurs modèles commerciaux. Pour survivre, elles devront rapidement prendre de l’ampleur sur les marchés qu’elles desservent actuellement". McKinsey va jusqu’à préconiser d’explorer les possibilités de fusionner avec des banques se trouvant dans une position similaire.
L’autre catégorie prédominée par les banques ouest-européennes est celle des "résilients", conjointement avec des banques issues de marchés asiatiques développés comme le Japon. Des zones géographiques que McKinsey considère comme étant les marchés bancaires les plus difficiles des des trois dernières années.
"Le plus grand défi des 'résilients' est la gestion des rendements dans des marchés atones", souligne McKinsey.
"Les résilients sont des gestionnaires de risques performants qui ont tiré le meilleur parti de leur taille sur des marchés difficiles. Ceci leur a permis de générer des rendements légèrement supérieurs au coût des capitaux propres sans prendre de risques. Cependant, il existe toujours un potentiel considérable d’amélioration de leur productivité", ajoute le cabinet.
Celui-ci estime par ailleurs que cette catégorie de banques doit constamment chercher à mieux comprendre quels sont les actifs qui les distinguent de la concurrence et tirer profit de leur performance supérieure à celle de leurs pairs pour investir dans l’innovation, alors que ceux-ci réduisent leurs dépenses à la fin du cycle économique.
Les autres catégories, à savoir les leaders du marché et les suiveurs, restent dominés par les banques nord-américaines et chinoises. Alors que la première catégorie affiche d’excellentes performances avec des rendements au-dessus des coûts des capitaux propres, profitant d’une dynamique de marché favorable ; la seconde catégorie est formée principalement de banques de taille moyenne qui affichent les mêmes tendances que celles des market leaders.
McKinsey souligne toutefois que trois leviers de performances doivent être considérés par toutes les banques, à savoir la gestion des risques, la productivité et la croissance des revenus ; tout en développant les talents et l’infrastructure avancée d’analyse de données.
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