Raja: les détails d’une embellie financière

Aziz Saidi | Le 21/10/2019 à 13:20

Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier (17-18 octobre), le Raja Club Athlétic a tenu son assemblée générale ordinaire. L’occasion de mettre en lumière, chiffres à l’appui, les réalisations du comité directeur durant la saison 2018-2019. Une saison dite de redressement pour le club casablancais. Détails. 

 

Lorsque Jaouad Ziyat et son bureau arrivent à la tête du Raja de Casablanca en septembre 2018, d’aucuns qualifient la situation financière du club de catastrophique. En effet, les Verts viennent de passer une saison critique sur le plan de la gouvernance et la presse fait ses choux gras des dettes colossales du club qui lui font craindre le pire.

La nouvelle équipe dirigeante avait donc pour mission de redresser les finances du club et d’apurer progressivement ses dettes. Une tâche titanesque de l’aveu même des adhérents. C’est dire que la présentation du rapport financier de la saison 2018-2019 était très attendue. 

Des chiffres au vert

Or, force est de constater que les résultats du club connaissent une embellie notable. D’un côté, les produits courants ressortent à 106,4 MDH, en progression de 67%. De l’autre, les charges courantes atteignent 68,5MDH, soit quasiment le double (+93%) de l’exercice précédent. 

La progression des produits s’explique essentiellement par l’augmentation des produits de sponsoring (+69% à 32,5MDH), le retour des recettes école après la réouverture de cette dernière (1,5 MDH), les recettes de billetterie qui font plus que doubler (+116%) atteignant un record national de 22 MDH et surtout l’explosion des primes liées aux résultats sportifs notamment la prime CAF qui atteint 23,3 MDH (+416%).

D’ailleurs ces résultats sportifs, marqués notamment par la victoire en Coupe de la Confédération et la Supercoupe africaine, ont aussi un impact significatif sur les charges et plus précisément sur le compte autres charges externes qui augmente de 149% pour atteindre quasiment 20 MDH.

Par ailleurs, les charges du personnel ont aussi été marquées par une augmentation significative (+76% à 27,2 MDH) suite à la restructuration de l’encadrement technique dans les différentes catégorie d’âge. 

Des performances portées par les résultats sportifs

In fine, cela fait ressortir un résultat net record de 6,4 MDH en progression de 72%. A noter que cette embellie est fortement impactée par les résultats sportifs aussi bien directement via les primes perçues qu’indirectement avec l’augmentation des recettes de billetterie, ainsi qu’avec la visibilité traduite en nouveaux contrats de sponsoring.

L’autre point très attendu lors de la présentation de ces résultats est sans nul doute la situation de la dette du club. Là aussi, les indicateurs sont encourageants puisque cette dette a été réduite de moitié par rapport au 13 avril 2018 pour s’établir à 57 MDH. Il faut tout de même préciser que ce chiffre correspond à l’évolution de l’endettement hors fiscal et engagement joueurs non échu et ancien bureau telle que présenté par le trésorier du club. 

Epongement progressif de la dette

Dans le détail, cette dette est à décomposer, selon l’encadrement du club, en deux catégories. La première concerne les dettes qui ont un horizon de remboursement court terme d’un total de 29MDH qui se décompose comme suit:

- Primes de signatures et salaires: 13 MDH (dont une partie payée en juillet/aout).
- Fournisseurs: 8 MDH.
- Litiges Fifa et autres: 8 MDH.

La seconde catégorie a trait aux dettes avec un échéancier planifié d’un montant total de 28MDH qui se décompose comme suit: 

- Litiges FRMF: 23 MDH à rembourser par prélèvements sur les droits TV sur 4 ans.
- Banque: 3 MDH. Un protocole a été signé avec la banque avec abandon de 50% et le reliquat à rembourser trimestriellement.
- CNSS: 2 MDH. Un accord est en cours de négociation, selon le bureau du Raja.

Toutefois, il faut signaler que lors de l’assemblée générale, certains adhérents ont contesté le fait que les chiffres de la dette soient tronqués de leur partie fiscale et de la dette d’anciens présidents. Pour la partie fiscale, le trésorier a rétorqué que les montants provisionnés sont suffisant pour y faire face. Quant à la dette des anciens présidents et plus précisément celle de plus 10 MDH revendiquée par le précédent président, Saîd Hasbane, elle reste à justifier. 

Une réserve de taille

En effet, selon le commissaire aux comptes, il y a un manque voire une absence de documentation concernant la période s’étalant du 1 juillet 2017 au 31 mars 2018 (fin du mandat Hasbane). Du coup, impossible pour le moment de justifier ce montant. D’ailleurs, le commissaire aux compte a fait figurer une réserve à ce sujet dans son rapport. Une réserve qui a fait réagir certains adhérents pour qui les comptes de l’exercice 2018-2019 sont bâtis à partir des reports à nouveau de l’exercice qui l’a précédé. 

C’est pourquoi, il a été décidé à la fin de l’assemblée générale de former une commission qui se chargera d’interpeller l’ancien président et de suivre toutes les procédures nécessaires pour faire la lumière sur sa période de gestion et sur le manque flagrant de documentation. D’ici là, fort d’un premier exercice réussi, l’actuel bureau à la confiance des adhérents pour avancer encore plus dans son entreprise de redressement des finances du club.

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