BCP : Alpha Mena valorise le titre à 261 DH et émet des réserves sur sa stratégie africaine

Mehdi Michbal | Le 17/10/2019 à 14:45

Tout en reconnaissant le track positif de la banque sur les cinq dernières années, la firme de recherche basée à Tunis estime que le gourpe BCP est aujourd’hui pénalisé par le durcissement réglementaire au Maroc et par sa forte exposition au risque en Afrique Subsaharienne. Une zone où la banque peine à générer des profits sains selon les analystes d'Alpha Mena.

C’est une note assez sévère que vient de produire Alpha Mena sur le titre BCP. Basée à Tunis, cette firme de recherche indépendante suit plusieurs marchés de la zone Mena pour le compte d’une clientèle institutionnelle internationale.

Dans cette nouvelle note de recherche (rédigée en anglais), Alpha Mena se dit inquiète de la capacité du groupe BCP à générer des bénéfices sains dans l’avenir. En cause : le durcissement de la réglementation au Maroc et la montée du risque, induite par sa stratégie de croissance externe en Afrique.

 

Une expansion africaine risquée ?

 

« Il est vrai que l’activité internationale, en particulier en Afrique, montre des signes appréciables de croissance (+14% du PNB pour une contribution de 38% au premier semestre 2019), mais en termes de rentabilité, l'image est plutôt sombre », estime les analystes de la firme.

Et d’expliquer : « Le bénéfice généré par les filiales internationales est en baisse de 41,9% en glissement annuel. Une performance médiocre résultant des marges d’exploitation sous pression (sans tenir compte de la qualité des actifs), ce qui renforce nos préoccupations concernant la qualité des bénéfices générés ».

L’équipe Alpha Mena estime également que le groupe est « peu sélectif » dans ces opérations de croissance externe dans le continent.

Elle cite l’exemple de BCP Bank Mauritius, qui a « produit des pertes pour le groupe en 2018 ». Mais aussi BTK, cette banque tunisienne qui fait partie du deal conclu avec le français BPCE et dont la transaction n’a pas encore été bouclée suite à des « difficultés de négociation avec l’Etat tunisien qui en détient 20% ».

Selon Alpha Mena, cette future filiale tunisienne de la BCP a besoin d’être recapitalisée d’au moins 130 millions de dinars (plus de 440 millions de dirhams) pour éponger ses pertes accumulées sur les trois derniers exercices. En difficulté, BTK détient à peine 2% de part de marché sur le crédit, note Alpha Mena.

Des éléments qui poussent les analystes de la firme de recherche à s’interroger sur le caractère sain de cette croissance externe, tout en affirmant être « sceptiques » sur les résultats de ce « pari », « en particulier avec le resserrement de la cadre réglementaire au Maroc ».

 

« Une recapitalisation à double tranchant »

 

Rappelant les dernières opérations d’augmentation de capital du groupe, Alpha Mena estime que la BCP a pu rétablir sa solidité financière. Ces opérations ont permis au groupe d’alimenter ses fonds propres de près de 5 milliards de dirhams.

Du cash frais qui lui a permis de s’aligner sur les nouvelles règles prudentielles de Bank Al-Maghrib particulièrement exigeantes en capitaux durs (12% en Tier 1) et de se donner les moyens de ses ambitions aussi bien au Maroc qu’à l’international.

« Cependant, la génération de profit n'était pas au rendez-vous pour soutenir le ROE (croissance du BPA négative attendue pour 2019) », estime Alpha Mena.

« Par rapport aux banques marocaines universelles, le score de BCP -selon la métrique «force fondamentale» est le plus maigre (4/10)-, reflétant la faible qualité de ses bénéfices », précise la firme.

 

Opinion défavorable sur les perspectives du titre en Bourse

 

Alpha Mena émet aussi une opinion défavorable sur les perspectives du titre en Bourse. Dans sa dernière note sur la BCP, elle avait valorisé l’action à 345 DH, recommandant aux investisseurs de l’accumuler dans les portefeuilles.

La valorisation du titre change désormais, avec un cours cible de 249 DH, contre un cours actuel de 263,1 DH.

L’action BCP a perdu 2,91% depuis le début de l’année, contre une performance de 5,81% pour le secteur bancaire coté, rappelle la firme de recherche.

Cette baisse devrait se poursuivre selon les analystes de la firme sur les six prochains mois. Ils recommandent ainsi aux investisseurs de réduire leurs positions sur le titre.

Cette opinion est basée sur plusieurs éléments. Voici comment ils ont été formulés par Alpha Mena :

 

- « Le marché marocain, qui contribue à hauteur de 80% au portefeuille de crédit de BCP, peine à décoller »

- « La diversification géographique de BCP n’a pas encore conduit aux résultats escomptés »

- « La valeur intrinsèque reflète les difficultés à court terme, dues principalement à une croissance modeste des bénéfices, suggérant un P/Book implicite à 1,41x comparé au 1,81x actuel. La BCP reste chère, surtout que la croissance prévue nécessiterait de nouveaux fonds ».

- « La mise en œuvre de la norme IFRS9 a une forte incidence sur notre DCF (modèle d’actualisation des cash flows futurs, ndlr) ayant absorbé près de 9,4% des fonds propres de la banque, réduisant, selon nos calculs, son ratio Tier 1 à un seuil inférieur aux exigences réglementaires (... ) En d'autres termes, une recapitalisation est nécessaire à court terme, en particulier avec les récentes acquisitions annoncées (non encore incluses dans notre modèle).

 

Alpha Mena précise toutefois que son modèle prend en compte l’impact total de l’application de la norme IFRS 9 en début d’année. Or, Bank Al-Maghrib a accordé aux banques la possibilité de le lisser sur 5 ans.

Un élément qui, précisons le, constitue un biais dans la valorisation faite par la firme de recherche et ne reflète pas à notre avis la réalité bilancielle du groupe.  

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 28/11/2023 à 11:18

    Sanlam Maroc : OPA autorisée, reprise de la cotation ce mardi

    La cotation de Sanlam Maroc reprend ce mardi 28 novembre, suite à la décision de recevabilité du projet d’offre publique d’achat (OPA) obligatoire par l’Autorité marocaine des marchés de capitaux.
  • | Le 8/11/2023 à 13:53

    Le titre Timar suspendu à la Bourse de Casablanca après une offre publique de retrait obligatoire

    L’Autorité marocaine du marché des capitaux annonce qu'à la suite du franchissement du seuil de participation de 95% dans le capital de Timar, la société Financière Clasquin Euromed a déposé auprès de l’AMMC un projet d’offre publique de retrait obligatoire visant les actions Timar.
  • | Le 26/6/2023 à 18:47

    Voici ce que l’on sait sur les dividendes et rendements distribués au titre de l’année 2022

    Les premiers dividendes au titre de l'exercice 2022 ont commencé à être détachés. A date, voici ce que nous savons sur les dates de détachement, de paiement et les rendements affichés par les valeurs de la cote selon le cours de bourse arrêté à la fin de séance du 23 juin. Guide récapitulatif.
  • | Le 19/6/2023 à 15:46

    Alliances : mal valorisé, le titre dispose d'une bonne marge de progression (expert)

    Une opération sur le haut de bilan d'Alliances pourrait lui permettre de retrouver une capacité de distribution à ses actionnaires. Le groupe affiche des performances opérationnelles en bonne forme, et son cours en bourse se rapproche progressivement de sa valeur nominale de 100 dirhams. Le titre est mal valorisé par le marché, selon un expert de la place, et dispose d'un fort potentiel de croissance.
  • | Le 18/6/2023 à 15:27

    Hausse de la bourse : les investisseurs semblent anticiper de bonnes nouvelles au Conseil de Bank Al-Maghrib

    Le marché enregistre une bonne dynamique depuis quelques semaines, qui s'est accélérée ces derniers jours. À court terme, les détachements des dividendes au titre de 2022 attisent l'appétit de rendement des institutionnels et OPCVM. Les investisseurs jouent également la décision du Conseil de Bank Al-Maghrib. Les bonnes nouvelles du Trésor et la détente observée sur plusieurs maturités rassurent quant au contexte de hausse des taux.
  • | Le 7/6/2023 à 16:04

    Aradei Capital : les résultats au T1 conformes aux prévisions, effet de base positif attendu cette année

    Le groupe dispose d'une forte stratégie de développement et connaîtra cette année un bon effet de base, à la suite des livraisons effectuées en 2022. Cela porte notamment sur la contribution des loyers de plusieurs cliniques d'Akdital livrées l'an dernier, ainsi que l'immeuble Prism. Une amélioration des revenus et de la profitabilité est attendue cette année.