BMCE BOA veut améliorer sa performance en recouvrement
BMCE Bank of Africa, sous l'égide de son patron Othman Benjelloun, veut se transformer. La banque s'attache à sa stratégie de développement qui lui a permis d'être là où elle est, mais certains points nécessitent une inflexion, dont le recouvrement et la gestion des risques.
Chez BMCE Bank of Africa, l’heure est à la transformation, un mot qui est souvent revenu dans les allocutions de différents directeurs généraux de la banque bleue, lors de la présentation de ses résultats semestriels ce 30 septembre. Le plan de transformation annoncé par le président du groupe bancaire Othman Benjelloun, il y a quelques années, accompagne toutefois une stratégie bien ancrée dans l’institution.
"Il n’y a aucun changement de cap stratégique ou de rupture avec la stratégie précédente du groupe", a indiqué Brahim Benjelloun-Touimi, Directeur général exécutif du groupe BMCE Bank of Africa.
Celui-ci indique toutefois qu’il y aura, au sein du groupe bancaire, des inflexions plus fortes au niveau de certains points déterminés, comme la digitalisation, la gestion des risques, et surtout, le recouvrement : "Le contrôle des risques globaux auxquels fait face le groupe est important. Toutes ces inflexions là sont attendues pour sécuriser les performances d’un plan stratégique de développement extrêmement ambitieux" a ajouté M.Benjelloun-Touimi.
Ces risques là, notamment ceux liés aux créances en souffrance, sont bien palpables au niveau des résultats du groupe bancaire, aussi bien en local qu’à l’international, notamment en Afrique subsaharienne.
Au Maroc, le coût du risque de la banque a augmenté de 29% à 423 millions de dirhams. Une hausse qui selon le management, est surtout liée à des provisions pour risques généraux en hausse, combinés à la baisse des reprises de provisions: "C’est cet effet ciseaux qui est à l’origine de la hausse du coût du risque", précise Brahim Benjelloun-Touimi.
Notre interlocuteur rappelle dans ce sens la nouvelle responsabilité de M’fadel El Halaissi, Directeur Général Délégué au sein du groupe bancaire : celle du recouvrement. M.El Halaissi, figure emblématique du groupe BBOA, s’est vu confier cette mission par le Président Othman Benjelloun, lors de la dernière réorganisation du groupe en décembre 2018.
"En tant que Senior Mangement, nous sommes engagés à ce que le niveau de reprises de provision au second semestre de l’année en cours soit bien supérieur au résultat plutôt médiocre enregistré lors de ce premier semestre", a lâché Brahim-Benjelloun Touimi. "Les chiffres d’août et de septembre par contre augurent déjà d’une bonne performance".
Pour M’fadel El Halaissi, l’homme attelé à cette tâche fastidieuse, l’activité de récupération de provisions fait partie intégrante de l’activité de l’octroi de crédits: "Si cette filière est bonne, avec une très bonne filière de récupération de balles perdues comme je les appelle, la banque tourne bien", a-t-il promis.
Pour réussir cet équilibre, M’fadel El Halaissi estime qu’il ne faut pas séparer l’activité du recouvrement du réseau commercial : "Le recouvrement est une activité intrinsèquement commerciale, alors que l’activité bancaire en général est une activité tournée vers le réseau. C’est le réseau qui créé le PNB", ajoute-il.
Et pour mener à bien sa mission, M. El Halaissi indique que son plan s’articule autour de trois actions : Tout d’abord, l’atteinte d’objectifs en termes de recouvrement supérieurs à ceux atteints auparavant, grâce aux liens créés avec le réseau ; la maîtrise et la minimisation des coûts de la récupération de ces provisions là ; et enfin "l’intégration de la notion de recouvrement dans la culture de l’octroi du crédit".
Mais au-delà de ces objectifs là, M’fadel El Halaissi veut que la banque se focalise en premier lieu sur sa première mission : la distribution de crédits.
"Une banque qui base ses résultats uniquement sur le recouvrement n’est pas une banque saine", explique-t-il. "Une banque saine, c’est celle qui voit sa distribution de crédits augmenter, qui passe de 110 milliards de dirhams de crédits distribués aujourd’hui, à 140 ou 150 milliards l’année prochaine, pour au moins atteindre le niveau que nous avions atteint en 2017. C’est ça qui est le plus important, la récupération de provisions n’est qu’un élément d’ajustement des bénéfices".
Au-delà de la banque au Maroc, cette stratégie s’étend aux filiales d’Afrique subsaharienne, qui pâtissent de résultats en baisse et d’un coût du risque élevé. Le problème du recouvrement sévit également dans Bank of Africa, mais sous d’autres facettes.
"Le recouvrement dans BOA a été moins performant qu’au Maroc", avance Brahim Benjelloun-Touimi. "Les dotations aux provisions ont été beaucoup plus importantes qu’auparavant et essentiellement dans deux pays, à savoir le Mali et le Sénégal".
Selon M.Benjelloun-Touimi, les problèmes de BOA émanent surtout d’une concentration de ses engagements, un phénomène "dont pâtit tout le secteur bancaire en Afrique subsaharienne, y compris les banques marocaines qui y sont implantées", selon notre interlocuteur.
Il ajoute: "Il faut toutefois dire que si nous voulons être fidèles à notre vocation africaniste qu’affirme très régulièrement notre Président, nous avons intérêt à ce que notre stratégie dans les pays subsahariens puisse justement se départir de cette concentration chez les corporates, pour aller vers la PME, les professionnels et les particuliers".
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