Flexibilité du Dirham: A quand le prochain élargissement de la bande de fluctuation?
Les théories et hypothèses pullulent au sein du marché quant à la date de cet événement majeur. Une autre question est fréquemment posée: Le Maroc est-il prêt à opérer un deuxième élargissement de la bande de fluctuation du dirham?
Plus d’une année et demi après le démarrage de la réforme du régime de change du dirham en janvier 2018, et l’élargissement de sa bande de fluctuation à 5% (+/- 2,5%) contre 0,6% (+/- 0,3%) auparavant, les opérateurs économiques guettent la prochaine étape, celle d’un nouvel élargissement de la bande de fluctuation du dirham.
Il y a un peu plus d’un an, des sources évoquaient l'année 2019 comme étant celle où les autorités financières et monétaires sauteront le pas vers une plus large bande de fluctuation, une bande qui elle-même demeure inconnue, bien que le chiffre de 10% (+/-5%) soit celui qui circule le plus.
L’année 2019 s’approche de sa fin, et les théories et hypothèses pullulent au sein du marché quant à la date de cet événement majeur. Une autre question est fréquemment posée: Le Maroc est-il prêt à une telle transition?
Contactée par LeBoursier, une source de la salle des marchés d'une banque de la place indique que dans les premiers échanges autour de la flexibilisation du dirham avec la Banque centrale, celle-ci parlait d'un délai de dix ans pour passer à une libéralisation totale du régime de change du dirham: "Pour que cela soit possible, tout en respectant une transition graduelle et ordonnée, il faut élargir la bande de fluctuation le plus tôt possible", ajoute-elle.
De la perspective de notre interlocuteur, la stabilité du dirham au cours de cette première phase de flexibilisation, et le fait qu'il n'ait pas touché aux extrêmités de l'actuelle bande de fluctuation, est un signal très rassurant que les autorités devraient prendre en compte.
Le développement d'un véritable marché interbancaire de devises, duquel Bank Al-Maghrib est totalement désengagée, est également un bon signal. Ce marché a d'ailleurs permis aux banques de surmonter des déficits de leur position de change l'été dernier, sans faire appel à la Banque centrale.
Un autre paramètre important dans la décision de l'élargissement de la bande de fluctuation est le niveau des réserves de changes. Celles-ci sont sur un trend haussier depuis presqu'une année, et atteignent au 6 septembre 233,6 milliards de dirhams, en progression de 3,5% en glissement annuel.
Ce niveau est toutefois loin des 250 milliards de dirhams que comptaient les réserves de change marocaines vers mi-2017, et qui servaient souvent à plaider pour la flexibilisation du dirham.
Dans ce sens, d’aucuns avancent que l’emprunt international que devra lancer le Maroc au cours de cette année, est un préliminaire au prochain élargissement de la bande de fluctuation du dirham, car il servira à renflouer les réserves en devises du pays.
En effet, avec une levée prévue d’au moins un milliard d’euros, c’est un minimum de 11 milliards de dirhams qui viendront enrichir ces réserves, pour les porter à un niveau plus proche de celui constaté en 2017.
Cela étant, même avec des réserves de change à des niveaux plus bas que le niveau actuel, le Maroc a été encouragé à franchir le cap d'un élargissement supérieur de la bande, notamment par le FMI, et ce à plusieurs reprises.
Le fonds estimait qu'au delà du facteur des réserves de changes, tous les autres aspects macroéconomiques étaient au vert, et ce en dépit d'un déficit du compte courant de la balance des paiements qui se situe aux alentours de 4%, avec des importations en énergie et en biens d'équipement assez conséquentes.
Néanmoins, Bank Al-Maghrib préfère tempérer, en dépit de toutes les recommandations du FMI. Dans un précédent point de presse, Abdellatif Jouahri, Gouverneur de Bank Al-Maghrib, a déclaré que la Banque centrale préfère "attendre que les éléments précurseurs de chocs économiques soient visibles pour passer à la deuxième phase, car les opérateurs peuvent croire qu'il y a des fragilités économiques qu'on occulte". Il a d'ailleurs ajouté que le FMI a pondéré cette position et que certains de ses dirigeants partagent cet avis.
Ce qui est sûr, c'est que Bank Al-Maghrib avec le gouvernement sont les seuls à détenir les clés de la décision de l'élargissement de la bande de fluctuation, et que ceux-ci n'annonceront aucune date à l'avance (contrairement à ce qui s'est passé en 2017). La plus grande opacité entoure le sujet, ce qui alimente davantage les spéculations sur la capacité du Maroc à subir cette transition, malgré les bons chiffres avancés aussi bien par les autorités monétaires locales qu'internationales.
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