L'UIR: “La multiplication des écoles privées doit être mieux régulée”

ENTRETIEN. Abdelaziz Benjouad, Vice-Président à la Recherche & Développement à l’Université Internationale de Rabat (UIR), estime qu'il est nécessaire d'établir de véritables partenariats public-privé pour garantir un développement harmonieux de l'enseignement supérieur au Maroc. Voici sa lecture.

L'UIR: “La multiplication des écoles privées doit être mieux régulée”

Le 11 juillet 2019 à 13h47

Modifié 10 avril 2021 à 21h30

ENTRETIEN. Abdelaziz Benjouad, Vice-Président à la Recherche & Développement à l’Université Internationale de Rabat (UIR), estime qu'il est nécessaire d'établir de véritables partenariats public-privé pour garantir un développement harmonieux de l'enseignement supérieur au Maroc. Voici sa lecture.

-Médias24: Quel regard portez-vous sur la multiplication des écoles et universités privées ?

-Abdelaziz Benjouad: Le secteur de l’enseignement supérieur est particulier. Il a besoin d'établissements qui répondent aux critères et standards internationaux afin de contribuer à la formation d’excellence des jeunes mais également à la recherche et au développement socio-économique et technologique du pays.

Mais la multiplication des établissements privés doit être mieux régulée et accompagnée pour que ce secteur puisse jouer sa véritable mission de service public, mesurable notamment par la qualité des diplômes et des lauréats et la réponse aux besoins du marché de l’emploi, du secteur productif et à la demande sociétale.

- Quels sont les critères à prendre en compte lorsqu’on veut choisir un établissement privé plutôt qu’un autre?

Notre système d’enseignement supérieur est en pleine mutation et devant la diversité des offres de formation aussi bien publiques que privées, il est légitime que les élèves et leurs parents cherchent incontestablement des établissements à même de mieux préparer les jeunes étudiants à intégrer le marché du travail et s’adapter à son évolution et à décrocher à l’issue de leur parcours académique des emplois gratifiants et valorisants.

Pour répondre à ces attentes, les établissements se doivent de satisfaire un certain nombre de critères, reconnus à l’international et qui concourent notamment aux classements des universités et à leur réputation à l’échelle mondiale. Il s’agit, notamment, de :

-La qualité des cursus de formation offerts aux étudiants, attestée par la reconnaissance par l’état de l’établissement et de ses diplômes, l’importance accordée aux Soft skills et aux stages dans la formation ;

-La qualité du corps professoral et sa reconnaissance au niveau national et international sur les plans pédagogique et de la recherche ;

-La valeur des diplômes délivrés par l’établissement sur le marché du travail et auprès des recruteurs ;

-La qualité et l’impact de la recherche et innovation et des études doctorales ;

-Les partenariats et l’ouverture à l’international pour la mobilité des étudiants, des professeurs et pour l’internationalisation des activités de recherche ;

-Les infrastructures qu’offrent le campus universitaire : équipements scientifiques, techniques, sportifs ;

-Les activités para-universitaires, culturelles, sportives et l’engagement sociétal des étudiants.

- Certains pointent du doigt la cherté de certains établissements d’enseignement privé. Qu’est-ce qui justifie selon vous le coût élevé de plusieurs cursus supérieurs privés ?

Le système d’enseignement supérieur privé au Maroc est en plein essor et les années à venir vont être déterminantes pour ce qui est de l’attractivité et la renommée des établissements qui délivrent des diplômes au Maroc.

L’employabilité et le niveau de salaire des lauréats seront les principaux éléments différenciateurs et affecteront directement la notoriété de l’établissement. Plus un établissement jouira d’une notoriété dans son domaine auprès des recruteurs, plus il sera attractif, et en conséquence, il pourrait être amené à augmenter les frais de scolarité pour maintenir et améliorer en continu la qualité de la formation de ses lauréats et garder son avantage concurrentiel.

C’est cette dynamique et proactivité par rapport au marché du travail qui, dans les pays développés où le système s’est stabilisé, explique notamment pourquoi pour le même type de formation les frais d’études peuvent varier du simple au double. Le Maroc ne fera pas l'exception et le marché de l’emploi sera l’un des principaux éléments régulateurs de l’enseignement privé au Maroc.

-La migration du système universitaire public actuel vers un système de Bachelor va-t-elle impacter les cursus des établissements privés ?

L’octroi des accréditations par le ministère aux filières de formation des établissements privés est tributaire du respect des cahiers des normes pédagogiques applicables au public. De ce fait, si ce projet de système de Bachelor est adopté au niveau national, il entrainera de facto la révision des cahiers des normes pédagogiques des filières soumises à l’accréditation qu’elles soient issues du privé ou du public.

En outre, les universités jouissant de la reconnaissance de l’État, qui d’ailleurs leur confère l’équivalence de leurs diplômes aux diplômes nationaux, seront dans l’obligation de s’aligner sur le système national pour pouvoir prétendre à l’accréditation des formations et à l’équivalence des diplômes.

Ceci dit, le secteur privé est appelé à innover pédagogiquement pour élargir l’offre de l’enseignement supérieur au Maroc, notamment dans les secteurs qui demandent davantage d’agilité et de proactivité.

-L’UIR est issue d'un partenariat public-privé. Dans quelle mesure cela distingue-t-il votre modèle pédagogique ?

-Le gouvernement a innové en encourageant et encadrant la création d’universités en partenariat public-privé. C’est le cas de l’Université internationale de Rabat (UIR), premier modèle de ce type d’universités au Maroc.

L'UIR s’est engagée auprès de l’Etat à dispenser des formations d’excellence et à mener une recherche de qualité en phase avec les besoins du développement du Maroc et du continent africain. Cet engagement est pris notamment dans le cadre du contrat de développement qui lie l’UIR à l’Etat et qui prévoit le respect d’un certain nombre de critères garants de la qualité de la formation et des lauréats qui en bénéficient.

Il s’agit notamment du respect du cahier des charges pour l’autorisation (avec des critères pédagogiques et d’encadrement académique et administratif) et des normes pédagogiques requises pour l’accréditation des filières de formation, de la mise en place d’infrastructures techniques et pédagogiques de qualité, de garantir un taux d’encadrement élevé, et de réaliser d’activités de recherche et d’innovation de qualité.

Ce n’est qu'après avoir respecté ces critères que l’État a accordé la reconnaissance à l’UIR. Il y a une différence majeure entre les diplômes des établissements reconnus par l’Etat et ceux qui ne le sont pas. Au-delà de l’équivalence des diplômes, la qualité de ces derniers se mesure par le taux d’employabilité des lauréats et la notoriété des recruteurs qui les embauchent.

-Comment se passe aujourd’hui la coopération avec le secteur public ?

- Le secteur privé et le secteur public ont tous les deux une mission de service public. Il est de leur devoir et responsabilité d’être complémentaires pour répondre aux besoins de la formation de notre jeunesse et de développement de notre pays. C’est l’essence même de la charte de l’enseignement supérieur et de la loi portant organisation de l’enseignement supérieur au Maroc.

Le ministère en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique œuvre dans ce sens et accompagne l’ensemble des acteurs pour que justement les deux secteurs fonctionnent de manière harmonieuse, complémentaire tout en favorisant le maximum d’articulation et de synergie.

L’enjeu principal est que le système dans sa globalité puisse contribuer à promouvoir l’économie de la connaissance comme vecteur d’assimilation et de diffusion des nouvelles technologies et des progrès scientifiques au service de la politique socioéconomique et industrielle du Maroc.

Il est à noter que le ministère a prévu plusieurs outils et instruments de coordination et d’alignement de la stratégie globale dont je citerai notamment la conférence des présidents d’Universités qui regroupe, outre les universités publiques, les universités reconnues par l’état ; il s’agit là d’un véritable espace de coordination, de débat et d’échange.

- Quels sont les domaines concernés par votre partenariat avec le secteur public ?

- L’UIR a établi des relations de coopération et de confiance avec les universités publiques marocaines, et développe avec elles, en bonne intelligence, plusieurs partenariats académiques et de recherche, notamment avec les Universités Mohammed V (UM5) et Ibn Tofail (UIT) au niveau de la région de Rabat-Salé-Kénitra (constituant avec l’UIR le Pôle Universitaire de cette région). À titre d’exemples, je citerai :

- Le partenariat établi entre l’UM5, l’UIT, l’UIR, la Région de Rabat-Salé-Kénitra et le ministère, pour accompagner le développement de la Région par la recherche, l'innovation, l'entrepreneuriat et la formation continue ;

- L’UIR, l’UM5 et l’UIT, en coopération avec d'autres partenaires nationaux et étrangers prestigieux, ont créé le premier OpenLab au Maroc et en Afrique avec le groupe automobile PSA, pour accompagner le développement du secteur automobile au Maroc ;

- L’UIR a également créé trois laboratoires internationaux associés (CNRS France/CNRST Maroc) dans le cadre de consortiums impliquant des universités marocaines comme l'UM5, l'Université Abdelmalek Essaadi, l’Université Al Akhawayne. Ces laboratoires traitent notamment de thématiques de pointe et à haute valeur ajoutée pour le Maroc tel que le big data, l’intelligence artificielle, l’énergie…

- L’UIR a en outre monté des projets R&D de grande importance avec les universités marocaines publiques, qui ont permis de mettre en place une quarantaine de codirections/cotutelles de thèses;

- Par ailleurs, l’UIR organise conjointement avec des universités marocaines partenaires des conférences internationales d’importance pour le rayonnement du Maroc et sa diplomatie académique, dont notamment le Sommet des Universités Africaines lors de la Cop22; la Précop de la région RSK ; et plus récemment le Colloque international « Repenser l'Afrique », organisé notamment avec les universités de la Région RSK.

Ces coopérations diversifiées et riches ont permis en outre d’ériger le pôle universitaire RSK comme premier pôle d'innovation en Afrique et dans la région MENA avec toutes les retombées en termes d’attractivité de partenaires académiques et industriels. C’est là une démonstration que les deux secteurs peuvent fonctionner de manière complémentaire et opérer en parfaite intelligence pour le l’intérêt de notre communauté scientifique et notre pays.

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