Assurances: le plaidoyer de Nadia Fettah pour une digitalisation du métier en Afrique
Intervenant dans le cadre des "Rendez-vous de Casablanca de l’Assurance", la DG de Saham Finances s'est montrée très critique sur la manière de faire des compagnies d'assurance en Afrique. Des compagnies, dit-elle, qui innovent peu et qui continuent de travailler avec les outils du siècle dernier. Pour elle, la digitalisation est devenue indispensable pour augmenter le taux de pénétration du secteur.
Les assureurs du continent africain se sont réunis ces 3 et 4 avril, dans le cadre de la sixième édition du Rendez-vous de Casablanca de l’Assurance, dont la thématique a porté sur les nouveaux risques auxquels fait face l'industrie.
La Directrice générale de Saham Finances, Nadia Fettah, en a profité pour livrer une présentation sur les défis et les opportunités de l'assurance en Afrique, près d'une année après le passage du groupe qu’elle gère sous le giron du sud-africain Sanlam, véritable mastodonte de cette activité en Afrique.
La croissance potentielle de cette industrie dans le continent devrait doubler d’ici 2025, mais affiche des besoins bien spécifiques.
La patronne de Saham Finances avance que face à ces spécificités, les assureurs innovent peu : "Nous continuons à commercialiser des produits du siècle dernier, qui nous sont arrivés d’un autre continent, et puis on se plaint lorsque nous constatons que le taux de pénétration de l’assurance en Afrique n’est pas aussi élevé", tonne-t-elle. "Nous n’avons pas suffisamment innové et nous n’avons pas été suffisamment à l’écoute du client".
Elle évoque également l’âge médian en Afrique, actuellement de 20 ans et qui montera à 27 ans en 2050 : "L’Afrique restera jeune pendant longtemps, et notre façon d’aborder les assurances n’est pas du tout adaptée à ces gens qui viennent du digital et sont nés avec", martèle-t-elle.
Et d’ajouter : "Nous avons des clients qui aujourd’hui acceptent des retards de réponse ou des bugs, mais nos clients de demain ne l’accepteront pas".
Nadia Fettah insiste sur la nécessité de privilégier le multicanal comme mode de distribution, en favorisant le canal digital, surtout que l’Afrique compte 122 millions d’utilisateurs actifs de services financiers mobiles.
Une stratégie non dénuée de défis, surtout qu’elle implique des investissements conséquents pour les assureurs : "La question que l’on se pose aujourd’hui est de savoir si cette technologie du futur que l’on nous décrit si souvent est dans nos moyens" avance Nadia Fettah.
"Il y a aujourd’hui des compagnies qui luttent pour financer des augmentations de capital, et donc le financement des nouvelles technologies n’est vraiment pas dans leurs priorités", regrette-t-elle.
Nadia Fettah rappelle toutefois l’exemple de la Digital Factory de Saham Assurance, qui en dépit d’un investissement conséquent rapporte des résultats probants pour la compagnie.
Christophe Buso, le nouveau patron de Saham Assurance, avait en effet affirmé que les réalisations de la Digital Factory commencent à porter leurs fruits, pas uniquement en termes d’amélioration du parcours client ou de digitalisation des processus, mais également en termes d’outils de détection de fraude.
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