En plein bras-de-fer entre la RAM et ses pilotes, une école privée de pilotage démarre en septembre à Benslimane

Afin de remédier à ses problèmes de sous-effectif en pilotes, la RAM envoie des étudiants se former à l’ENAC de Toulouse alors qu’une école de pilotage a ouvert ses portes en 2017 dans la région de Benslimane et entamera son activité septembre prochain. La "Morocco Aviation private academy" formera des pilotes pour des compagnies étrangères mais pas pour le transporteur public qui ne reconnaît pas ses formations, qui seront pourtant sanctionnées par des diplômes délivrés par la Direction marocaine de l'aviation civile.   

En plein bras-de-fer entre la RAM et ses pilotes, une école privée de pilotage démarre en septembre à Benslimane

Le 1 août 2018 à 17h58

Modifié 11 avril 2021 à 2h48

Afin de remédier à ses problèmes de sous-effectif en pilotes, la RAM envoie des étudiants se former à l’ENAC de Toulouse alors qu’une école de pilotage a ouvert ses portes en 2017 dans la région de Benslimane et entamera son activité septembre prochain. La "Morocco Aviation private academy" formera des pilotes pour des compagnies étrangères mais pas pour le transporteur public qui ne reconnaît pas ses formations, qui seront pourtant sanctionnées par des diplômes délivrés par la Direction marocaine de l'aviation civile.   

En 2014, Royal Air Maroc a été obligée par l’Etat de fermer son école qui formait entre 40 et 60 pilotes par an. Afin de faire face à ses besoins croissants, la compagnie a dû recruter des étrangers et déléguer la formation de ses futurs pilotes à l’Ecole nationale de l’aviation civile (ENAC) située à Toulouse.

Avec la pénurie mondiale de pilotes, ces derniers étant attirés par les riches compagnies du Moyen-Orient. Et sachant que l’ENAC ne forme qu’un petit contingent de Marocains, la RAM s’est retrouvée en sous-effectif ce qui a poussé les membres de l’AMPL à entamer un mouvement de protestation et réclamer la réouverture de l’Ecole nationale des pilotes de ligne (ENPL).

On l'oublie ou on ne le sait pas forcément, un Centre de formation baptisé "Morocco Aviation Private Academy" (MAPA) a ouvert ses portes en 2017 à proximité de l’aéroport de Benslimane.

Une lueur d’espoir pour remédier au sous-effectif?

Créée par des investisseurs jordaniens, cette école agréée par l’Etat marocain dispense des cours théoriques et pratiques pendant 2 ans pour former des pilotes de ligne ou privés ainsi que des mécaniciens de bord.

Selon l'un des 20 instructeurs en pilotage et mécanique de l'école, contacté par Médias24, ce centre qui dispose de 8 avions écoles et 3 simulateurs de vols démarrera vraiment son activité en septembre prochain.

«L’ENPL a dû fermer après 44 ans d’existence mais nous avons accumulé un savoir-faire important qui nous permet aujourd’hui de former des pilotes au Maroc. Sachant que les enseignants de la MAPA viennent presque tous de l’ancienne école de la RAM, il n’y a plus besoin d’aller à l’ENAC où il faut débourser 1,4 million de DH, soit presque le double des 750.000 DH à acquitter chez nous».

Une formation agréée par l’Etat mais pas par la RAM

L’école qui s’appuie sur l’expertise d’anciens instructeurs de la RAM et du centre de formation des pilotes en Jordanie dispense une année de cours théoriques suivie d’une année de cours pratiques.

"C’est l’Etat marocain qui délivre deux diplômes complémentaires après la tenue d’examens organisés par la Direction de l’aviation civile sous tutelle du ministère du transport aérien.

"A la fin de la 1ère année, nos étudiants passent un examen sanctionné par un certificat théorique de pilote de ligne.

"Après quoi, ils poursuivent une formation pratique d’un an avant de passer un examen final qui, une fois réussi, donne lieu à la délivrance d'une licence de pilote professionnel.

"Cette licence est reconnue par l’OACI (organisation internationale de l’aviation civile) qui permet de travailler dans de nombreux pays sauf en Europe qui requiert la norme EASA, (agence européenne de la sécurité aérienne), et en Amérique de la FAA (Federal aviation administration).

"Il est cependant possible d’effectuer des conversions avec des examens d’équivalence", précise notre interlocuteur qui s’étonne que la RAM n’accepte pas d’embaucher les diplômés de son école.

Une 1ère promotion de pilotes destinée aux compagnies étrangères

"En l’état actuel des choses, les 60 à 80 étudiants de l'école, qui seront opérationnels dans deux ans, ne seront pas embauchés par la RAM qui refuse de valider leur parcours académique pourtant agréé par l’Etat et in fine par d'autres compagnies internationales de la zone OACI.

"Aujourd’hui, les seuls nouveaux diplômés qu’elle accepte de recruter doivent être passés uniquement par les bancs de l’ENAC, l’ESMA ou OXFORD.

"Nous avons récemment tenu plusieurs réunions avec sa direction mais depuis c’est silence radio alors que nous avions accepté toutes ses conditions pour devenir partenaire (prise de la majorité du capital par la RAM, contrôle des programmes pédagogiques et de la formation, ne pas recruter toute la promotion mais simplement les profils qui l’intéressent…).

"Partant de ce constat, la MAPA forme donc des Marocains ou des Africains qui vont travailler pour d’autres compagnies que la RAM ou pour des transporteurs locaux comme Arabia ou RAM Express dont les pilotes ne sont pas soumis au même régime de recrutement", conclut notre interlocuteur, requérant l'anonymat, qui espère toujours trouver rapidement un accord avec la RAM.

S’il est normal qu’elle fasse attention à la formation de ses futurs pilotes, il est quand même à noter que la compagnie n'a pas publié d'argumentaire expliquant son refus de prendre le lead d’un centre qui compte former, à terme, 100 pilotes par an, soit de quoi mettre fin au sous-effectif croissant qui frappe son personnel navigant.

Contacté par Médias24, le management de la RAM est resté injoignable. Pour le moment, nous n'avons donc que la version de l'un des instructeurs de cette école.

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