Le singe magot est un primate endémique de l’Afrique du Nord, de la famille des Cercopithecidae, et est également connu sous le nom de Macaque de barbarie.

Autrefois répandu dans toute l’Afrique du Nord, le singe Magot est actuellement limité à de petits fragments de forêts dans le nord du Maroc et de l’Algérie. On trouve également une petite population introduite à Gibraltar, confie à Médias 24 Zouhair Amhaouch, chef de la Division des Parcs et réserves naturelles au sein du Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification. 

Au Maroc, le Magot se trouve actuellement dans les massifs montagneux du Rif occidental, du versant nord du Moyen Atlas et du Haut Atlas Central. Ces populations sont particulièrement développées dans la forêt du Moyen Atlas Central.

Au cours de ces dernières années, plusieurs études ont fait part d’inquiétudes pour le singe Magot et plusieurs mesures de protection de l’espèce dans son habitat naturel ont été proposées.

L’espèce est classée comme "vulnérable" par l’Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN) et figure dans les Annexes de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune) parmi les espèces dont le commerce international est prohibé.

Malgré les mesures précitées, l’espèce est soumise à plusieurs menaces en particulier la disparition de ses habitats (exploitation forestière, incendies, défrichement à des fins agricoles, et surpâturage du bétail), le braconnage et le commerce illicite des jeunes utilisés comme animaux de compagnie.

D'ailleurs, des ateliers de formation au profit des agents douaniers et forestiers au Maroc, à Nador et Tanger ont été organisés en février par le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), en collaboration avec le Haut commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification et l'Association Animal Advocacy and Protection (AAP).

L'objectif étant de renforcer les capacités de ces agents pour la lutte contre le commerce illicite des espèces de flore et de faune sauvages. L'organisation de ces ateliers entre dans le cadre du projet de protection du singe Magot au Maroc, financé par le programme "Born to be wild" de l'association AAP.

Où vivent les Macaca sylvanus au Maroc?

Selon M. Amhaouch, au Maroc, le Moyen-Atlas héberge les plus importantes populations de ces singes, qui sont limitées aux forêts de cèdres de Sidi M'Guild, Ifrane et Michlifen, dans les forêts de chêne vert d’Ain Leuh, El Hammam, entre Azrou et Ain Leuh ainsi que dans les forêts du sud d’Ouiouane.

Des populations de cette espèce sont également trouvées dans les forêts mixtes de cèdre et chêne de Tamjilt et Taffert dans l’est du Moyen-Atlas.

L’espèce peut également être trouvée dans certaines zones de la partie nord du Haut-Atlas Central, en particulier dans les régions d’Azilal et Oued-el-abid, les vallées de Ahansel et Akhacham, les cascades d’Ouzoud et la vallée d’Ourika, qui fait partie du Parc National de Toubkal.

Dans le Rif, l’espèce peut être trouvée à Jbel Moussa, Jbel Bouhachem, Jbel Tissouka, Lakâa, Talassemtane et Jbel Tizèrène.

M. sylvanus vit dans les forêts de cèdres de l'Atlas, considérées comme étant l'habitat optimal pour cette espèce, dans les forêts de sapins et de chênes dans les crêtes rocheuses sans végétation, ainsi que dans les gorges broussailleuses.

C'est un singe de taille moyenne mesurant de 56 à 63 cm (longueur tête-corps), doté d'une queue vestigiale. Son poids se situe entre 10 et 14,5 kg. Les mâles sont plus grands que les femelles. La couleur du pelage ne varie pas en fonction du sexe mais elle évolue avec l'âge, allant du brun foncé au jaune doré.

Extinction prochaine de cette espèce? 

"Jusqu’à une date récente, les seules estimations des populations de cette espèce reposaient sur des données anciennes et relativement incomplètes" nous explique M. Amhaouch. Le nombre total de macaques était estimé à moins de 22.000 individus.

Dans la région du Moyen-Atlas, résidait la plus importante population sauvage du singe magot, environ 67% de la population restante de Macaca sylvanus dans le monde.

Ce nombre a diminué d’environ 65% sur les 3 dernières décennies, passant de 15.000 à 5.000.

La population du Rif est actuellement de 2.000 individus et celle du Haut Atlas est estimée à 1.000.

Par ailleurs, dans le parc national d'Ifrane (Moyen Atlas), il a été constaté que la pression touristique s'accompagnait d'un grave déficit de juvéniles. Il a été estimé que, dans les groupes établis à proximité de sites touristiques, 46% des juvéniles étaient enlevés par des braconniers, ce qui réduisait la taille des groupes et modifiait la structure par âge de la population du Moyen Atlas et son hétérogénéité géographique.

Il est donc possible que les juvéniles habitués à voir des touristes soient des cibles plus faciles particulièrement visées par les braconniers, conclut M. Amhaouch.