Des fuites détectées dans la nouvelle Centrale de Safi retardent sine die son démarrage

Des machines essentielles dans le processus de production de la grande centrale thermique de Safi, sont inopérantes. Cette centrale cumule les déboires. La suspension de son lancement vient après les fuites de fuel dans l’océan, causées par des réservoirs défectueux et les fissures constatées dans les fondations du quai charbonnier (du port en construction), nécessaire à son alimentation en charbon. 

Des fuites détectées dans la nouvelle Centrale de Safi retardent sine die son démarrage

Le 21 février 2018 à 17h04

Modifié 11 avril 2021 à 2h45

Des machines essentielles dans le processus de production de la grande centrale thermique de Safi, sont inopérantes. Cette centrale cumule les déboires. La suspension de son lancement vient après les fuites de fuel dans l’océan, causées par des réservoirs défectueux et les fissures constatées dans les fondations du quai charbonnier (du port en construction), nécessaire à son alimentation en charbon. 

Les vices de construction du port que nous avons relatés dans un article précédent, compromettent l’alimentation de la centrale.

Des solutions de rechange sont possibles et sont en cours de réalisation en attendant la livraison d’un quai charbonnier conforme: Utilisation d’une flotte de camions, agrandissement de la zone de stockage du charbon, exploitation du quai de service pour décharger des mini-vraquiers… etc.

Toutes ces solutions augmentent considérablement le coût de la tonne utilisée, mais ne mettent pas en cause le fonctionnement intrinsèque de la centrale. Du moins pour ce qui est de l’alimentation de sa première unité (50% du projet. Besoin: 5.000 tonnes de charbon/jour pour une puissance installée de 693 MW).

Les essais démarrés récemment dans cette première unité ont révélé un problème autrement plus important: La non-conformité des échangeurs thermiques.
Au cours des premières semaines de production, ces derniers présentent des fuites de gaz. Les contrôles effectués jusqu’ici, font état de 4 échangeurs défectueux sur les 9 nécessaires pour la bonne marche de l’unité. Aujourd’hui, la centrale est arrêtée.

Selon les sources de Médias24, les échangeurs sont des machines aux dimensions importantes, fabriquées sur commande pour des projets précis. Leur remplacement nécessitera beaucoup de temps, peut-être dix mois. 

Un projet PPP

La centrale thermique de Safi est un projet PPP (partenariat public privé) conclu entre l’ONEE et SAFIEC. Celle-ci est détenue à parts égales par le japonais Mitsui (30%), le Français Engie (35%) et le Marocain Nareva (35%). 

Safiec finance la construction de la centrale, contre une vente garantie de sa production à l’ONEE pendant 30 ans. Au-delà de cette date, la centrale entre définitivement dans le giron de l’ONEE, sans aucune participation de sa part dans l’investissement initial. Ce dernier s’élève à 2,6 MM$, nécessaires pour la construction de ce mégaprojet, capable de couvrir 20% des besoins en électricité du Maroc.

L’équipementier sud-coréen Daewoo est en charge de sa construction. Il est censé livrer les deux unités du projet avant mars 2018. 

Cette centrale utilise la technologie des cycles combinés, beaucoup moins polluante et plus rentable que les centrales classiques, grâce à une réutilisation des gaz issus de la première combustion, dans un second cycle de production d’électricité. Les machines principales dans cette technologie compétitive, sont ces mêmes échangeurs défectueux, censés exploiter les chaleurs des gaz, au sortir des premières turbines.

Les causes du problème

Daewoo E&C ne fabrique pas ses échangeurs. Il les achète chez un fournisseur spécialisé.
A priori, c’est un vice de fabrication et ce fournisseur en est le premier responsable. Cependant, le nombre important des échangeurs défectueux (4 sur 9) rend peu plausible cette première hypothèse. La redondance du problème ne peut éventuellement venir que d’une conception défectueuse.

Un cahier des charges mal élaboré par les équipes de Daewoo ou son non-respect par son fournisseur, sont des causes possibles, des fuites observées dans ces échangeurs, dès leur entrée en production. 

Par ailleurs, les concurrences rudes des appels d’offres, peuvent incliner certains soumissionnaires à oser des montages techniques, aux limites minimales des normes de sécurité, afin de pouvoir offrir des prix compétitifs. 

L’encrassement rapide des échangeurs tubulaires pourrait aussi être une explication technique de cette mésaventure. C’est ce type de produit qui a été adopté par Daewoo pour le site de Safi. Sa technologie a en plus une faible efficacité énergétique, par rapport à celle des échangeurs à plaques soudées. Cette dernière technologie est cependant plus onéreuse à mettre en place, surtout pour des températures et des pressions extrêmes. 

Les conséquences sur les différents acteurs

>Daewoo E&C est le premier perdant dans cette grande mésaventure industrielle. Son image s’en trouve écornée et ses pertes financières s’accumulent. Le 06 février 2018, le groupe coréen les a estimées, pour la centrale de Safi, à un montant compris entre 270M$ et 360 M$ uniquement pour le dernier trimestre de 2017.
Celles-ci viennent s’ajouter aux pertes déjà déclarées au troisième trimestre de la même année (150 M$: 20 M$ pour Safi et 130 M$ pour un projet au Qatar). Ces charges imprévues arrivent au mauvais moment. En effet, Hoban construction vient d’annuler son offre d’achat de 50% des parts de capital de Daewoo, de chez la Korea Development Bank. 

>Le consortium derrière SAFIEC (Nareva, Engie et Mitsui) voit la date de sa première facturation à l’ONEE, s’éloigner d'une manière indéfinie. Le retour sur investissement en sera fortement affecté. Au regard du montant global de cet investissement (2,6 MM$), les pertes devraient se chiffrer au moins en millions de dirhams.
Le consortium pourra toujours se retourner contre Daewoo, au cas probable où des pénalités de retard sont prévues dans le contrat qui les lie.

>L’ONEE subira indirectement des pertes ou un surcoût, dans la mesure où ces retards annoncés, signifient des importations supplémentaires d’électricité, à un prix supérieur au coût d’achat ou de production marocain. 

>Le contribuable est l’ultime perdant dans cette triste affaire. En effet, le Trésor public devra financer les pertes de l’ONEE. In fine et comme d’habitude, c’est le citoyen qui règlera l’addition, par le biais des impôts.

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