Abdellatif Jouahri envisage son départ avec sérénité
De nombreuses personnes ont pensé, à tort ou à raison, que ce mardi 19 décembre se tenait peut-être le dernier conseil présidé par Abdellatif Jouahri. Le gouverneur de Bank Al Maghrib finira bien par partir un jour, mais son remplaçant devra avoir les épaules très larges. Jouahri a trouvé le ton juste pour répondre à une question au sujet de son possible départ.
Avec toute la dignité et sobriété qu’on lui connaît, Abdellatif Jouahri a répondu clairement à une question plutôt délicate.
Une réponse et beaucoup d’ombre
"Pendant 55 ans de vie professionnelle, presque deux vies publiques, je ne me suis jamais posé cette question. Je pense qu'il faut uniquement se focaliser sur son travail, en le faisant pour le mieux. Au moment de partir, il faut se dire qu'on a fait ce qu'il y avait à faire. Je suis à un certain âge où l'on doit aspirer à se reposer aussi. Celui qui nomme ici, c'est Sa Majesté, c'est lui qui démet aussi. Je n'en sais pas plus", a-t-il répondu d’un air confiant. Avant d’ajouter, comme un clin d’œil aux journalistes qu’il croise chaque trimestre, "le jour où je serais parti, citez-moi en bien, c'est tout".
Des psychanalystes pourront parler longuement de cette réponse du gouverneur de la Banque centrale, mais ce qui est certain c’est que Abdellatif Jouahri ne serait pas contre un départ en retraite. Car il ne l'a pas démenti. Il n'a rien dit qui puisse le démentir.
À 78 ans, pour celui qui est à la tête de la Banque centrale depuis 2003, c’est peut-être le moment de prendre un peu de repos. Il le dit lui-même d’ailleurs, quand il rappelle qu’il a 55 ans de carrière derrière lui et qu’à son âge l'on doit aspirer à se reposer aussi.
Cela dit, beaucoup le voient déjà en dehors de cette institution et lui ont même trouvé des remplaçants potentiels. Il faut dire que Abdellatif Jouahri ne restera pas éternellement patron de la BAM, mais celui qui lui succédera n’aura pas la tâche facile. Et ne sera pas facile à trouver. Des langues se sont aventurées en citant des noms qui pourraient prendre le relais à la tête de banque centrale, sauf que le nom du remplaçant ne sera dévoilé qu’à la dernière minute.
Un remplaçant aussi puissant
En tout cas, arrivera un jour où le Roi nommera une nouvelle figure et ce sera synonyme d’une fin de carrière méritée pour Abdellatif Jouahri. La personnalité qui sera choisie, devra être très bien armée pour continuer les chantiers entamés et aussi en lancer d’autres. Le successeur de l’actuel gouverneur de la BAM devra, dans un premier temps, avoir une très forte personnalité pour affronter la puissance des banques. C'est primordial.
Le côté administratif est lui aussi assez présent dans cette fonction, et celui qui l’exercera doit en maîtriser les rouages. Le profil du prochain gouverneur de la Banque centrale devra être aussi au fait des mutations que connaît la finance dans le monde et de la modernisation qui s’opère dans ce domaine. Par le passé, nous avons eu des administratifs seulement, ou des banquiers et parfois, comme avec Jouahri, un profil qui alliait les deux.
Pour la petite histoire, avant d’arriver à ce poste, Abdellatif Jouahri avait, et voulait, un autre plan de carrière. Lors de la privatisation de la BMCE Bank, dont il était PDG, il a été sur les rangs pour le rachat. En face de lui, un certain Othman Benjelloun qui a fini par l'emporter.
Quel est le profil type de celui qui va assumer cette responsabilité de gouverneur de Bank Al Maghrib?
Le futur gouverneur devra être une personnalité d'envergure, capable de s'imposer devant les banquiers de la place. On peut penser au patron d'une banque qui serait respecté par ses pairs. On peut penser aussi à un ancien banquier qui aurait de surcroît l'expérience de la haute administration. On peut penser enfin à un haut cadre de Bank Al Maghrib.
Gérer une banque centrale englobe plusieurs responsabilités. Les décisions prises lors d’un conseil de Bank Al Maghrib sont lourdes de conséquences, et impactent l’économie du pays. Si Abdelatif Jouahri est resté aussi longtemps, presque un record pour le Maroc, c’est qu’au niveau des décisions, de la maîtrise de la situation bancaire, monétaire et des réserves de change, il a eu un parcours sans faute.
Les observateurs estiment aussi que si le système bancaire marocain est en excellente santé, c'est en partie grâce à la rigueur de Abdellatif Jouahri. Ce dernier a accompagné tous les changements qui ont bousculé le secteur bancaire et en a même été à plusieurs reprises l’initiateur. Il a réussi à bien accompagner les groupes bancaires marocains friands d’expansion africaine depuis quelques années.
Le jour où Abdellatif Jouahri sera remercié, l’on gardera certainement une bonne image de lui et beaucoup vont lui rendre hommage pour ces réalisations et sa bonne gestion. Autrement dit, son souhait d’être cité en bien sera bel est bien réalisé.
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