Ciment. Deux valeurs, deux destins
Sur le marché casablancais, le secteur du ciment est représenté par deux sociétés seulement. Les deux sont filiales de grands groupes et les deux ont connu des parcours contradictoires à la Bourse de Casablanca depuis le début de l’année.
Les comportements en bourse des deux sociétés du secteur du ciment cotées à Casablanca ont été extrêmement différents. Ciments du Maroc, filiale de HeidelbergCement, a gagné plus de 30% de sa valorisation depuis le début de l’année 2017, alors que son concurrent direct, LafargeHolcim, filiale de la SNI et des deux géants mondiaux du secteur, a lâché plus de 23% sur la même période. En tout cas, le secteur du ciment n’est représenté à la BVC que par ces deux mastodontes.
"On ne devrait pas avoir un basculement de la tendance dans les prochaines semaines. D’ici les derniers jours de cotation et le début de la prochaine année, ces deux valeurs vont continuer chacune sur son trend en attendant les résultats annuels. Elles ne devraient, cependant, pas générer beaucoup de volume sur les prochaines semaines, contrairement à la période précédente", prévoit un analyste financier de la place.
Les deux valeurs sont inscrites dans l’indice sectoriel "Bâtiment et Matériaux de Construction" qui englobe d’autres sociétés cotées. C’est pour cette raison que nous n’avons pas une idée spécifique sur le comportement du secteur des cimenteries à la BVC depuis le début de l’année.
"À la BVC, ils n’ont pas prévu un secteur des cimenteries qui est très important et d’ailleurs, ce sont les deux valeurs qui pèsent le plus dans le secteur dans lequel elles sont répertoriées. Cela dit, les intervenants du marché font la distinction en mettant les deux sociétés dans le même secteur", explique un analyste financier de la place. Il est, effectivement, très peu logique de comparer un fabricant d’aluminium à un cimentier.
Ciments du Maroc, ou la force du dividende
Pour Ciments du Maroc, qui a changé d’actionnaire majoritaire dernièrement, l’année 2017 a été très favorable à sa capitalisation boursière. C’était aussi une année riche en annonces, à commencer par la nomination d’un nouveau Directeur Général, Hakan Gürdal.
Malgré le fait que la demande en ciment est en baisse continue, avec quelques éclaircies de temps à autres, et les grands chantiers sont très peu nombreux, CIMAR a réussi à instaurer une belle image, selon les professionnels du marché.
"Cela fait deux ans que la conjoncture n’est pas très favorable, et pourtant CIMAR nous séduit. Le groupe nous a habitués à compenser les baisses internes de demande en ciment par les exportations de clinker. Grâce à cela, le taux d’utilisation des usines reste assez élevé et ça rassure les investisseurs", nous explique notre analyste.
En plus de cela, les porteurs d’actions Ciments du Maroc ont une certaine assurance quant à leur rémunération. Le management du groupe avait même fait la promesse d’augmenter continuellement les dividendes distribués.
"Pour ne pas décevoir ses actionnaires, au titre de l’exercice 2016, Ciments du Maroc a distribué un dividende important malgré la perte sèche enregistrée au niveau du résultat net. (NDLR : la baisse était justifiée par la dévaluation de la livre égyptienne) L’engagement du groupe par rapport au relèvement des dividendes fait de la valeur l’une des plus séduisantes sur le long terme", rappelle notre interlocuteur. Le groupe devrait, selon les bruits du marché, finir l’année sur bonne note.
LafargeHolcim, la vie dure après la fusion
L’autre valeur du secteur, c’est LafargeHolcim. Celle-ci a eu des moments très difficiles durant l’année et son cours en bourse a largement baissé. "La fusion entre les deux géants n’a pas été très bien accueillie chez nous et une grande appréhension s’est installée par la suite. Il faut dire que les synergies entre les deux anciennes cimenteries ne vont pas s'installer rapidement", nous explique cet analyste qui prévient que le marché marocain n’était pas préparé à absorber une si grosse fusion.
Pour ne rien arranger, la première partie de l’exercice 2017 a été, elle aussi, décevante. Le chiffre d’affaires de l’entreprise qui a chuté de 10% a été perçu comme une alarme par rapport à la mauvaise conjoncture.
"Le problème pour LafargeHolcim Maroc, c’est que ses propres marchés l’ont trahi. Les régions où les deux anciennes cimenteries avaient excellé ont montré un essoufflement qui est très mal interprété par les actionnaires", ajoute notre expert.
Il faut dire aussi que les cours du Petcoke, combustible solide pour les cimenteries, sur le marché international, n’ont pas cessé de progresser durant cette année. Cette situation a un impact sur la profitabilité du groupe qui utilise cette matière et pas d’autres matières.
"Les professionnels du secteur du ciment parlent d’une probable fin d’année sous le signe de la stagnation. Ce qui est une bonne nouvelle pour les deux sociétés et principalement pour LafargeHolcim qui exporte moins en clinker", prévoit notre analyste qui s’attend à ce que les synergies post-fusion soient plus importantes dans les prochains mois.
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