Ciment. Deux valeurs, deux destins

E.M.B | Le 6/12/2017 à 10:38

Sur le marché casablancais, le secteur du ciment est représenté par deux sociétés seulement. Les deux sont filiales de grands groupes et les deux ont connu des parcours contradictoires à la Bourse de Casablanca depuis le début de l’année.  

Les comportements en bourse des deux sociétés du secteur du ciment cotées à Casablanca ont été extrêmement différents. Ciments du Maroc, filiale de HeidelbergCement, a gagné plus de 30% de sa valorisation depuis le début de l’année 2017, alors que son concurrent direct, LafargeHolcim, filiale de la SNI et des deux géants mondiaux du secteur, a lâché plus de 23% sur la même période. En tout cas, le secteur du ciment n’est représenté à la BVC que par ces deux mastodontes.

"On ne devrait pas avoir un basculement de la tendance dans les prochaines semaines. D’ici les derniers jours de cotation et le début de la prochaine année, ces deux valeurs vont continuer chacune sur son trend en attendant les résultats annuels. Elles ne devraient, cependant, pas générer beaucoup de volume sur les prochaines semaines, contrairement à la période précédente", prévoit un analyste financier de la place.

Les deux valeurs sont inscrites dans l’indice sectoriel "Bâtiment et Matériaux de Construction" qui englobe d’autres sociétés cotées. C’est pour cette raison que nous n’avons pas une idée spécifique sur le comportement du secteur des cimenteries à la BVC depuis le début de l’année.

"À la BVC, ils n’ont pas prévu un secteur des cimenteries qui est très important et d’ailleurs, ce sont les deux valeurs qui pèsent le plus dans le secteur dans lequel elles sont répertoriées. Cela dit, les intervenants du marché font la distinction en mettant les deux sociétés dans le même secteur", explique un analyste financier de la place. Il est, effectivement, très peu logique de comparer un fabricant d’aluminium à un cimentier.

Ciments du Maroc, ou la force du dividende

Pour Ciments du Maroc, qui a changé d’actionnaire majoritaire dernièrement, l’année 2017 a été très favorable à sa capitalisation boursière. C’était aussi une année riche en annonces, à commencer par la nomination d’un nouveau Directeur Général, Hakan Gürdal.

Malgré le fait que la demande en ciment est en baisse continue, avec quelques éclaircies de temps à autres, et les grands chantiers sont très peu nombreux, CIMAR a réussi à instaurer une belle image, selon les professionnels du marché. 

"Cela fait deux ans que la conjoncture n’est pas très favorable, et pourtant CIMAR nous séduit. Le groupe nous a habitués à compenser les baisses internes de demande en ciment par les exportations de clinker. Grâce à cela, le taux d’utilisation des usines reste assez élevé et ça rassure les investisseurs", nous explique notre analyste.

En plus de cela, les porteurs d’actions Ciments du Maroc ont une certaine assurance quant à leur rémunération. Le management du groupe avait même fait la promesse d’augmenter continuellement les dividendes distribués.

"Pour ne pas décevoir ses actionnaires, au titre de l’exercice 2016, Ciments du Maroc a distribué un dividende important malgré la perte sèche enregistrée au niveau du résultat net. (NDLR : la baisse était justifiée par la dévaluation de la livre égyptienne) L’engagement du groupe par rapport au relèvement des dividendes fait de la valeur l’une des plus séduisantes sur le long terme", rappelle notre interlocuteur. Le groupe devrait, selon les bruits du marché, finir l’année sur bonne note.


LafargeHolcim, la vie dure après la fusion

L’autre valeur du secteur, c’est LafargeHolcim. Celle-ci a eu des moments très difficiles durant l’année et son cours en bourse a largement baissé. "La fusion entre les deux géants n’a pas été très bien accueillie chez nous et une grande appréhension s’est installée par la suite. Il faut dire que les synergies entre les deux anciennes cimenteries ne vont pas s'installer rapidement", nous explique cet analyste qui prévient que le marché marocain n’était pas préparé à absorber une si grosse fusion.

Pour ne rien arranger, la première partie de l’exercice 2017 a été, elle aussi, décevante. Le chiffre d’affaires de l’entreprise qui a chuté de 10% a été perçu comme une alarme par rapport à la mauvaise conjoncture.

"Le problème pour LafargeHolcim Maroc, c’est que ses propres marchés l’ont trahi. Les régions où les deux anciennes cimenteries avaient excellé ont montré un essoufflement qui est très mal interprété par les actionnaires", ajoute notre expert.

Il faut dire aussi que les cours du Petcoke, combustible solide pour les cimenteries, sur le marché international, n’ont pas cessé de progresser durant cette année. Cette situation a un impact sur la profitabilité du groupe qui utilise cette matière et pas d’autres matières.

"Les professionnels du secteur du ciment parlent d’une probable fin d’année sous le signe de la stagnation. Ce qui est une bonne nouvelle pour les deux sociétés et principalement pour LafargeHolcim qui exporte moins en clinker", prévoit notre analyste qui s’attend à ce que les synergies post-fusion soient plus importantes dans les prochains mois.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 28/11/2023 à 11:18

    Sanlam Maroc : OPA autorisée, reprise de la cotation ce mardi

    La cotation de Sanlam Maroc reprend ce mardi 28 novembre, suite à la décision de recevabilité du projet d’offre publique d’achat (OPA) obligatoire par l’Autorité marocaine des marchés de capitaux.
  • | Le 8/11/2023 à 13:53

    Le titre Timar suspendu à la Bourse de Casablanca après une offre publique de retrait obligatoire

    L’Autorité marocaine du marché des capitaux annonce qu'à la suite du franchissement du seuil de participation de 95% dans le capital de Timar, la société Financière Clasquin Euromed a déposé auprès de l’AMMC un projet d’offre publique de retrait obligatoire visant les actions Timar.
  • | Le 26/6/2023 à 18:47

    Voici ce que l’on sait sur les dividendes et rendements distribués au titre de l’année 2022

    Les premiers dividendes au titre de l'exercice 2022 ont commencé à être détachés. A date, voici ce que nous savons sur les dates de détachement, de paiement et les rendements affichés par les valeurs de la cote selon le cours de bourse arrêté à la fin de séance du 23 juin. Guide récapitulatif.
  • | Le 19/6/2023 à 15:46

    Alliances : mal valorisé, le titre dispose d'une bonne marge de progression (expert)

    Une opération sur le haut de bilan d'Alliances pourrait lui permettre de retrouver une capacité de distribution à ses actionnaires. Le groupe affiche des performances opérationnelles en bonne forme, et son cours en bourse se rapproche progressivement de sa valeur nominale de 100 dirhams. Le titre est mal valorisé par le marché, selon un expert de la place, et dispose d'un fort potentiel de croissance.
  • | Le 18/6/2023 à 15:27

    Hausse de la bourse : les investisseurs semblent anticiper de bonnes nouvelles au Conseil de Bank Al-Maghrib

    Le marché enregistre une bonne dynamique depuis quelques semaines, qui s'est accélérée ces derniers jours. À court terme, les détachements des dividendes au titre de 2022 attisent l'appétit de rendement des institutionnels et OPCVM. Les investisseurs jouent également la décision du Conseil de Bank Al-Maghrib. Les bonnes nouvelles du Trésor et la détente observée sur plusieurs maturités rassurent quant au contexte de hausse des taux.
  • | Le 7/6/2023 à 16:04

    Aradei Capital : les résultats au T1 conformes aux prévisions, effet de base positif attendu cette année

    Le groupe dispose d'une forte stratégie de développement et connaîtra cette année un bon effet de base, à la suite des livraisons effectuées en 2022. Cela porte notamment sur la contribution des loyers de plusieurs cliniques d'Akdital livrées l'an dernier, ainsi que l'immeuble Prism. Une amélioration des revenus et de la profitabilité est attendue cette année.