Mohamed Sassi (PSU/FGD): “Nous arriverons au pouvoir en 2021”

L’ex-membre de l’USFP est candidat aux législatives sur la liste FGD. La coalition PSU-PADS-CNI veut s’inspirer du congrès d’Epinay pour rénover la gauche et entamer sa marche vers le gouvernement. 

Mohamed Sassi (PSU/FGD): “Nous arriverons au pouvoir en 2021”

Le 26 septembre 2016 à 17h57

Modifié 26 septembre 2016 à 17h57

L’ex-membre de l’USFP est candidat aux législatives sur la liste FGD. La coalition PSU-PADS-CNI veut s’inspirer du congrès d’Epinay pour rénover la gauche et entamer sa marche vers le gouvernement. 

Médias24: Pensez-vous être élu, sachant que vous êtes 2e sur la liste menée par Omar Balafrej?

Mohamed Sassi: Candidats à la circonscription de Rabat-Océan, je pense que nous avons de fortes chances de devenir députés tous le deux, car de plus en plus de citoyens adhèrent à notre projet et pensent que la FGD représente une 3e voie crédible. Pour illustrer cette réalité, je citerai simplement l’appel des 100 intellectuels à voter pour Nabila Mounib, qui a créé un véritable élan de sympathie.

-Sera-t-il suffisant pour vous permettre de décrocher un groupe parlementaire (20 députés) ?

-Notre but est d’atteindre 300.000 voix dans tout le Maroc, mais je ne sais pas si nous obtiendrons un groupe parlementaire. Si nous arrivons à décrocher 10 sièges, ce sera déjà un score important, car nous avons beaucoup de marge pour l’avenir.

La FGD ne se fait pas d’illusions, car ces élections ne constituent que la 1re étape de notre stratégie électorale. .

-A travers ce scrutin, vous aspirez à déclencher une dynamique électorale pour l’avenir?

-Les résultats du scrutin nous serviront d’abord de marchepied pour acter la création d’un parti de la nouvelle gauche.

Pluraliste, il s’inscrira dans la social-démocratie et aura pour vocation de rassembler les courants politiques et  les associations progressistes qui ne trouvent par leur compte dans l’offre marocaine.

Nous voulons attirer les déçus de la politique qui ne votent plus, les abstentionnistes et surtout les jeunes qui ne se reconnaissent pas dans les partis actuels et veulent de nouveaux interlocuteurs crédibles.

Entre les militants du 20 février, les enseignants stagiaires, les étudiants médecins, le réservoir de voix est important. Nous voulons constituer un lien pour rassembler ces catégories de jeunes qui défilent chacun de leur côté et créer une nouvelle offre politique suivie d’une dynamique électorale.

-La FGD s’inspire des nouveaux partis de la nouvelle gauche européene (Podémos, Syriza …)?

-Absolument, car tout comme eux, notre vocation est de rassembler les forces de gauche et de nous ouvrir sur le camp progressiste, qui n’est pas nécessairement d’obédience socialiste orthodoxe.

-Vos détracteurs accusent la FGD d’un manque d’originalité économique (matraquage fiscal …)

-L’originalité de notre programme ne réside pas dans les chiffres, mais dans la corrélation entre la politique institutionnelle de l’Etat et celle du gouvernement. Le problème n’est pas d’avoir un programme chiffré, mais de pouvoir l’appliquer. Si la FGD gagne, on doit nous laisser les mains libres, le gouvernement doit avoir une marge de manoeuvre plus grande.

-Vous posez donc des conditions à votre éventuelle participation à un gouvernement?

-Avant de nous engager dans la voie gouvernementale, nous réclamons trois choses: une réforme constitutionnelle pour une monarchie parlementaire, l’obtention d’une majorité démocratique indépendante de l’appareil de l’Etat et un programme concerté avec le Chef de l’Etat.

Nous ne remettons pas en cause les réalisations royales ou la légitimité du Roi, mais nous voulons que les institutions gouvernementale et monarchique soient complémentaires et pas concurrentes.

-Comment convaincre les Marocains de vous rejoindre alors que vous êtes minoritaires?

-Au Maroc, il y a le courant dont nous faisons partie qui revendique la modernité et la laïcité et un autre islamiste qui pense que l’identité et la religion doivent jouer un rôle dans la politique.

Chez les islamistes, il y a la tendance qui demande l’application de la charia et celle qui réclame une démocratisation du système, mais en gardant les spécificités  marocaines.

Nous proposons une contractualisation avec ceux qui sont d’accord pour séculariser l’Etat et l’exemple tunisien prouve que nous pouvons créer une majorité composée des modérés des deux camps.

-Ne pêchez-vous pas par excès de naïveté, sachant que pendant 5 ans, le PJD a essayé d’imposer des réformes idéologiques contraires à vos valeurs de modernité (code pénal…)?

-Les revendications du mouvement du 20 février montrent que la jeunesse marocaine veut la modernité. Le PSU a prêté ses locaux à deux partis d’obédience islamiste (Parti de la renaissance et de la Oumma) qui ont évolué et ont accepté nos idées de gauche sur la nécessité d’un Etat civil. Un accord n’est donc pas impossible, car dans chaque parti, il y a des modérés prêts au consensus.

-Comment expliquer que les meetings du PJD se transforment en démonstration de force?

-Ce parti a simplement bénéficié des erreurs et des faiblesses de ses adversaires, dont celles de la gauche. Nous devons donc créer un parti qui rassemble les abstentionnistes et ceux qui réclament le changement dans la rue.

La mobilisation des militants du PJD dans une salle ne fait pas le poids avec celle des étudiants-stagiaires ou des manifestants qui remplissent des avenues entières. L’esprit de contestation du 20 février laisse penser qu’un nouveau parti  peut rassembler autant voire plus que le PJD.

-Sans leader charismatique, vous aurez du mal à mobiliser autant...

-Le charisme est important, mais l’appel des 100 intellectuels à se mobiliser pour Nabila Mounib prouve qu’elle est de plus en plus populaire. Ainsi, une semaine après une de ses prestations télévisées, le PSU a reçu pas moins de 2.000 demandes d’adhésion.

La FGD démarre un processus d’unification des progressistes à l’image du congrès d’Epinay (1971) qui avait permis à François Mitterrand d’assurer l’alternance socialiste après 10 ans d’efforts.

La FGD répondra à ce besoin d’alternative politique au conservatisme du PJD et à la continuité makhzénienne du PAM.

-Vous renvoyez ces deux partis dos à dos?

-Les deux ne réclament pas la démocratisation du système. Benkirane a accepté les règles du jeu makhzénien et s’est mis à parler de Tahakoum après avoir réalisé qu’il n’était plus en odeur de sainteté. Le seul crédo du PAM est de combattre le PJD, mais malgré le fait qu’ils passent leur temps à s’insulter, je pense qu’ils finiront par s’allier dans le prochain gouvernement.

-Il faudra donc attendre 2021 pour que la FGD devienne une alternative à ces partis leaders?

-Même si nous obtenons un résultat minime au scrutin du 7 octobre, il nous ouvrira la voie en 2021, pour constituer une troisième voie à ces deux partis. Dans cinq ans, la FGD, aidée par les courants modernistes d’autres partis et de la société civile, deviendra une force crédible pour arriver aux affaires. 

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