Séville 1982. Une ville et une date qui traumatisent encore la mémoire footballistique de la France. Ce match de demi-finale de Coupe du monde entre la France et l’Allemagne est sans doute l’un des plus grands matchs de tous les temps. On y a tout vu. La beauté du jeu proposé par les Bleus de Michel Hidalgo. La rigueur et la férocité de la défense allemande. L’injustice suite à l’agression du portier Herald Schumacher sur Battiston. Le suspens de la remontée allemande et de l’angoissante séance de tirs au but. L’immoralité, puisque la meilleure équipe est restée au tapis et que l’Allemagne est passée en finale et fût assommée par le formidable Paolo Rossi.

Le hasard et la FIFA faisant bien les choses, les Bleus du très marocain Henri Michel recroisent le chemin de la RFA en demi-finale de Coupe du monde à Guadalajara, au Mexique. Platini et ses copains avaient laissé beaucoup de forces pendant les matchs précédents et sont arrivés à ce match sur les rotules. Malgré cela, ils ont essayé d’imposer leur jeu de possession pour empêcher les Allemands de pilonner les buts de Joël Bats. Mais l’histoire se répète et une fois encore la RFA élimine la France en demi-finale de Coupe du monde. Les larmes d’Henri Michel à la fin du match témoignaient, s’il s’en fallait, de l’amertume des Français face à cette Allemagne conquérante.

Qui jouera le Brésil en demie finale ? Tel est l’enjeu de cet acte III de l’épopée franco-allemande. Me promenant dans les rues de Rio de Janeiro, je n’envisage pas et ne souhaite pas une défaite du Brésil face à la Colombie en quarts. Jamais un match entre les deux sélections n’a été aussi équilibré. La Mannschaft, régulière candidate aux demi-finales, impressionne par sa mécanique offensive. Un véritable rouleau compresseur, mais qui a failli s’enliser dans les sables algériens. Avant tout, cette équipe a l’avantage de l’expérience de ce niveau de la compétition et peut s’en remettre à son trident offensif pour débloquer les matchs.

Quant aux Bleus, historiquement, ils nous ont habitué à avoir un joueur-providentiel en leur sein pour les porter dans les compétitions: Koppa, Platini, Zidane. Mais cette version surprend par son collectif et la complémentarité entre ses joueurs. Ils sont montés en puissance progressivement en s’appuyant psychologiquement sur des matchs-référence et ne font plus figure d’outsiders.                                                      

Le dénouement de cet acte III semble donc riche en tension, mais très indécis. Cette tension est très palpable chez les supporters des deux camps que j’ai croisé dans les rues de Rio de Janeiro. Le Maracaña bouillonne déjà.