Hommage: Mohamed Tber, une vie d’intransigeance

Mohamed Tber est décédé subitement lundi 27 janvier à l’hôpital Georges Pompidou à Paris à l’issue de 4 jours de coma, des suites d’une petite intervention. Son corps n’a toujours pas été rapatrié au Maroc. Retour sur le parcours d’un homme hors du commun.  

Hommage: Mohamed Tber, une vie d’intransigeance

Le 29 janvier 2014 à 19h07

Modifié 29 janvier 2014 à 19h07

Mohamed Tber est décédé subitement lundi 27 janvier à l’hôpital Georges Pompidou à Paris à l’issue de 4 jours de coma, des suites d’une petite intervention. Son corps n’a toujours pas été rapatrié au Maroc. Retour sur le parcours d’un homme hors du commun.  

«On peut introduire un éléphant par le chas d’une aiguille mais jamais un intellectuel ne passera à travers des élections», c’était l’adage préféré de feu Mohamed Tber. «Il aimait à le répéter, lui qui, député UNFP a été le premier à introduire en 1963, une loi posant l’élimination des tribunaux français au Maroc», témoigne Me Abdelkébir Tabih, avocat inscrit au barreau de Casablanca.

«Durant ces dernières années, il a énormément lu.  Il a même passé en revue l’ensemble de la jurisprudence égyptienne. Lui, qui n’avait pas une très grande maîtrise de la langue arabe, étudiait le coran dans ses versions française et arabe», poursuit son confrère.

En effet, après des études de droit en France, de retour au Maroc, vers 1955, il a dû se mettre à niveau en langue arabe. Il devient rapidement l’un des ténors du barreau. Avocat d’affaires et pénaliste, il cumule près de 60 ans d’expérience.

Avocat d’affaires et pénaliste

«Lui soumettre un écrit pour appréciation ressemblait à une épreuve de baccalauréat. Doté d’une mémoire hors du commun, il faisait preuve d’un esprit d’analyse exceptionnel. Ses synthèses étaient d’une concision dont il était seul capable», précise Yousr Bennani, un proche collaborateur du défunt. Et d’ajouter : «tout ce qui paraissait compliqué était simple pour lui ! Il avait un réel souci de professionnalisme, ce qui lui permettait de rester toujours objectif dans son approche juridique».

Une rigueur donc dans le traitement de ses dossiers qu’illustre parfaitement cette anecdote. «Après avoir remis des conclusions rédigées par Me Tber concernant un dossier à Tétouan, les avocats des parties adverses m'ont alors affirmé que ces écrits avaient fait le tour des tribunaux du nord du Maroc et que la ligne de défense de Me Tber avait servi de jurisprudence dans toute la région», raconte notre source. 

Engagé en politique

Sa carrière politique se distingue par des prises de positions bien tranchées. «Il a été l’un des meneurs de la motion de censure en 1963», rappelle ce témoin de l’époque. Compagnon de lutte de Mehdi Benbarka, Maati Bouabid, Abderrahmane Youssoufi, Réda Guédira, il a déserté la scène politique après l’assassinat de Benbarka.

«Il aurait pu être un grand politique. Toutefois, avec un caractère trempé et un esprit cartésien, il ne penchait pas vers le compromis et les compromissions», témoigne ce proche de Me Tber. D’ailleurs, à deux reprises, à la fin des années 70, il se présenta au poste de bâtonnier mais ce furent des tentatives infructueuses.

Me Mohamed Tber était aussi l’avocat des grandes affaires politico-financières qui ont défrayé la chronique judiciaire du pays. Dans le dossier CIH, il assurait la défense de Kamal Agueznai, Rokia Jaïdi et Alaoui Arafa. Durant ses plaidoiries, il avait soulevé un point de droit très pertinent. Il soulevait le débat, en distinguant entre deux chefs d’inculpation: le détournement ou la dissipation. Une nuance sur la base de laquelle il a élaboré sa défense.

Autre procès compliqué, celui de Aïcha Gul Tecimer, durant lequel, Il s’est servi d’une autre nuance, celle relative à la prescription. Cette dernière arrêtée en 2001, à Marrakech, était accusée de recel d’un coran datant du XVIIIe siècle, substitué à un musée turc. Les poursuites remontaient à 1994.

Dans l’affaire Tabit, il prenait la défense du Dr Lahlou, accusé de reconstituer les hymens des jeunes filles violées. Il a également été l’avocat de Hicham Sedki dans le litige de Tahiti Beach Club, l’opposant à Saâd Benkirane.  Il refusa de défendre Driss Basri dans ses poursuites contre le journal Maroc Hebdo, sous motif que l’affaire était portée devant les juridictions françaises.

Avec son décès, c’est un pan de l’histoire politico-juridique du Maroc qui perd un témoin natif des années 1925-26. Seul l’avenir nous dira si Me Tber a consigné ses souvenirs et ses appréciations. Sa famille, composée de ses deux garçons n’a encore rien révélé. Il ne laisse pas de veuve. Denise, sa femme est décédée deux ans plus tôt. Une dernière anecdote à ce sujet : «le jour même de la mort de son épouse, il était retourné à son cabinet». Que dire de plus de cet homme d’exception !

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