Dans le tome 2 de ses Mémoires, Aherdan jette un pavé dans la mare

Le 2e tome des Mémoires de Mahjoubi Aherdan couvre la période 1961-1975. Sans crainte de créer la polémique, le Zaïgh (l’indomptable) se livre à une réécriture de l’histoire qui lui est propre.  

Dans le tome 2 de ses Mémoires, Aherdan jette un pavé dans la mare

Le 21 janvier 2014 à 11h09

Modifié 21 janvier 2014 à 11h09

Le 2e tome des Mémoires de Mahjoubi Aherdan couvre la période 1961-1975. Sans crainte de créer la polémique, le Zaïgh (l’indomptable) se livre à une réécriture de l’histoire qui lui est propre.  

Dans son 2e opus, le fondateur du mouvement populaire, Mahjoub Aherdan attaque un pan de l’histoire nationale qui va de la disparition du roi Mohamed V à la Marche Verte.

L’ancien ministre de la Défense y livre entre autre sa grille de lecture de la guerre des sables et y dresse un portrait étonnement flatteur du général félon Oufkir.

La guerre des sables: victoire militaire ou échec stratégique?

Sur la guerre des sables, le ministre de la Défense de l’époque nous livre un éclairage où l’on découvre à cet égard un Aherdan va-t-en guerre qui dénonce l’ingratitude de l’Algérie à l'égard du Maroc mais en profite surtout pour remettre en cause les choix militaires du Roi Hassan II au cours de cette période.

En octobre 1963, face aux provocations algériennes, le Maroc décide de riposter en occupant des territoires qu’il juge siens car Ben Bella rejette les revendications historiques ou politiques du Maroc.

Pour Aherdan, la supériorité militaire et la victoire des FAR sur la nouvelle armée algérienne aurait du régler définitivement le problème des provinces du Sud marocaines.

Il regrette amèrement que le roi Hassan II ait fait preuve de retenue dans la reconquête des territoires spoliés par l’Algérie et affirme que «gagner la guerre et perdre la terre, il y avait et il y a encore de quoi sangloter».

Il poursuit sur le même ton que face à la défaite algérienne, il aurait fallu garder et profiter de l’avantage militaire au lieu de quoi le Roi Hassan II a joué l’apaisement au détriment du pays.

Amer, il déplore que «puisque les Algériens avaient été forcés d’abandonner Foum El Achar et Markala, pourquoi s’être arrêté aux portes de Tindouf» en assurant plus loin qu’ «il y avait de quoi perdre la raison car il ne tenait qu’à nous de récupérer Tindouf».

Il dénonce le fait que «de ne pas l’avoir fait s’est soldé par la perte de la Mauritanie avec l’arrivée sur les bras d’un Polisario créé et soutenu par l’Algérie, et, donc de facto du conflit du Sahara».

A l’écouter, il aurait validé la célèbre apostrophe du général Driss Ben Omar au Roi Hassan II qui disait «Sire, donnez-nous 15 jours et vous verrez le drapeau du Maroc flotter au cœur d’Alger».

Le défunt Roi qui avait opté pour la voie diplomatique est pratiquement traité de mauvais stratège pour sa retenue pourtant saluée à l’unanimité.

Ce qui est étonnant dans cette posture guerrière, c’est qu’il était ministre de la Défense et que face aux choix qu’il semble regretter aujourd’hui, il aurait pu ou dû démissionner. Il est étrange de la part d’un ancien militaire de jouer d’une surenchère guerrière qui aurait sans nul doute conduit le Maroc à une guerre de cent ans avec son voisin de l’Est.

Quand Oufkir devient un grand patriote

Au fil des pages, on découvre un Aherdan qui se transforme en opposant dénonçant les hésitations d’un Roi qu’il a pourtant servi et défendu jusque là contre vents et marées.

Le plus étonnant dans ses mémoires est sans doute l’hommage appuyé qu’il rend au général Oufkir.

Il n’hésite pas à prendre la défense du général félon auteur de la seconde tentative avortée de putsch contre le roi Hassan II qui aurait peut-être entraîné le Maroc dans une dictature militaire.

Il brosse un tableau élogieux d’Oufkir et va jusqu’à le gratifier du superlatif de «grand patriote».

Le successeur au ministère de la défense d’Aherdan, pourtant décrié et qualifié par nombre d’opposants de sanguinaire devient sous sa plume «un officier de haut niveau qui avait à cœur de défendre les intérêts de son pays».

Pour prouver le dévouement d’Oufkir, il relate une réunion secrète avec ce dernier où ils auraient mélangé leur sang pour finir par le boire afin de signer un pacte signifiant un engagement de vie et de mort pour la défense de la monarchie et de la nation. Scène burlesque et peu crédible que ne manquera pas de démentir l’instigation ultérieure de l’attentat contre la personne du monarque Hassan II par ce même Oufkir.

Malgré cette tentative avortée mais particulièrement sanglante qui sema la désolation en voulant installer une régence et dont Hassan II échappa miraculeusement, Aherdan dit «s’interdire de traiter Oufkir de traître».

Dans ses écrits, son indulgence s’étend aussi au général Medbouh auteur du 1er coup d’Etat contre Hassan II à Skhirat… peut-être avec une crtaine complicité d’Oufkir, point d’histoire non élucidé.

Ses déclarations n’ont pas manqué de créer la polémique et l’ancien ministre de la communication Larbi Messari s’est empressé de dénoncer des «élucubrations» qui seraient à mettre sur le compte d’une «personne pas saine d’esprit qui a la nostalgie d’une solidarité d’anciens combattants ayant servi dans l’armée française sous le même drapeau».

Il faut souligner que face au manque de témoignages historiques crédibles au Maroc, les écrits d’Aherdan serviront de matériau pour les chercheurs mais la lecture attentive de ses mémoires crée un malaise car elle donne l’impression aux lecteurs que l’auteur est aigri.En attendant la parution du 3e tome, il semble qu’à l’automne de sa vie, le doyen de la vie politique marocaine du 20e siècle donne bizarrement le sentiment de cracher dans la soupe.

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