Prisons marocaines: surpeuplées et désargentées

Des conditions de détention déplorables accentuées par des ressources financières et humaines plus qu’insuffisantes. Résultat: de lourdes conséquences en termes d’alimentation, de soins de santé et d’hygiène élémentaire. Et ce budget 2014 n’arrangera pas les choses.    

Prisons marocaines: surpeuplées et désargentées

Le 25 novembre 2013 à 17h44

Modifié 25 novembre 2013 à 17h44

Des conditions de détention déplorables accentuées par des ressources financières et humaines plus qu’insuffisantes. Résultat: de lourdes conséquences en termes d’alimentation, de soins de santé et d’hygiène élémentaire. Et ce budget 2014 n’arrangera pas les choses.    

Créée en 2008, l’administration pénitentiaire a discuté cette année le cinquième budget de son histoire. Dire que beaucoup de chemin reste à parcourir c’est comme reconnaître que des avancées ont été réalisées. Or, loin s’en faut. A maints égards, c’est même le contraire qui est observé, dressant les contours d’une réalité accablante. Quelques statistiques arrêtées à fin septembre 2013, de source officielle.

Un budget d’investissement en baisse

Le grand absent des deux réunions de la commission parlementaire de la Justice a été Hafid Benhachem, ancien délégué général de l’administration pénitentiaire, révoqué en marge de l’affaire Daniel Galvan.  

Une absence attendue certes, mais qui n’a pas empêché les parlementaires de revenir à la charge en disant tout haut ce que les Marocains pensent tout bas : «N’a-t-il pas été un bouc émissaire?». Une question restée bien sûr sans réponse.

Revenons-en au budget. De l’ordre de 2,19 milliards de DH, il accorde 1,4 milliard de DH au fonctionnement et 614 MDH à l’investissement. Cette enveloppe (investissement) est inférieure de 60% à celle de l’année passée.

«La baisse intervient à un moment où l’administration est en quête de nouvelles sources de financement pour terminer la construction de nouvelles prisons et en agrandir d’autres. L’objectif étant de porter la superficie par détenu à 3m2 à l’horizon 2016. La situation est regrettable», reconnaît tout de go le secrétaire général de l’administration pénitentiaire.

73 prisons surpeuplées

Conséquence de plusieurs facteurs dont le gel de la construction de nouvelles prisons, le surpeuplement des établissements carcéraux est du en outre à la hausse effrénée de la population détenue. A fin septembre 2013, ils étaient  72.816 contre 57.563 en 2009 à être privés de liberté. 

Quelque 73 unités servent à les héberger: 3 prisons centrales basées à Kénitra, Safi et Marrakech, 58 prisons régionales dédiées aux détentions préventives et aux condamnés à des peines privatives de courte durée, 8 prisons agricoles destinées à former certains détenus aux métiers du secteur primaire et 4 centres de réforme réservés aux mineurs.

Plusieurs conséquences en résultent. L’une d’entre elles concerne l’encadrement de la population carcérale. Alors qu’une petite amélioration a été notée en 2011, voilà que le ratio d’encadrement par détenu subit un retour en arrière: un gardien pour 12 détenus contre 10 seulement en 2011.

Pour remédier à toutes ces carences, une nouvelle stratégie est prévue par l’administration pénitentiaire. Elle prône la construction de prisons avec des capacités d’hébergement de 1.400 lits maximum. Dans certaines prisons, ces capacités ne dépasseront pas les 220 lits contre 8.000 enregistrés actuellement dans certaines prisons.

Autre objectif: construire une prison là où se trouve un tribunal de première instance, afin de marquer une certaine harmonie avec la carte judiciaire.

Ration journalière: 11DH par détenu

Autre effet du surpeuplement et non des moindres: la baisse du budget par prisonnier. «Nous demandons une révision à la hausse du budget de fonctionnement. Ce dernier a un impact direct sur l’alimentation des détenus et par ricochet sur leur santé», s’est indigné le S.G de l’administration pénitentiaire devant les membres de la commission de la Justice.

Et de poursuivre: « l’administration est dans l’obligation de transférer certains crédits accordés dans le budget à d’autres priorités comme l’achat de médicaments, de nourriture ou encore les soins de santé».

En effet,  en 2013, un budget journalier par détenu d’à peine 11 DH a été attribué à la nourriture. La baisse enregistrée au niveau de ce poste s’explique par deux facteurs : «d’abord, l’augmentation de 26% du nombre des pensionnaires durant les deux dernières années, sans qu’elle ne soit accompagnée par une amélioration du budget général. Ensuite, la flambée des prix enregistrée au niveau des denrées alimentaires», explique-t-on à l’administration pénitentiaire.  

Selon des sources internes, il est prévu de déléguer la gestion, en un seul lot, de la cantine à des privés.

42% des pensionnaires sont en détention préventive

S’il est un mal qui ronge davantage la justice marocaine, ce sont bel et bien ces interminables détentions préventives, cautionnées par le droit! Il se trouve qu’il s’agit aussi de l’une des principales causes du surpeuplement des établissements pénitentiaires. Et pour cause, cette catégorie représente 42% de la population carcérale totale. Elle était de 46% en 2012.

Malades mentaux, la prison en attendant l’hôpital psychiatrique

Ils sont 3.451 détenus atteints de troubles mentaux qui purgent leur peine en prison. Une anomalie? Pas la seule dans cet espace où l’erreur pèse encore plus lourd qu’ailleurs.

«C’est la justice qui est habilitée à décider de leur transfert dans des unités spécialisées. C’est elle qui émet des jugements à ce sujet. Souvent, ces décisions sont accompagnées de la formule suivante: le détenu atteint de troubles mentaux reste dans l’institution carcérale jusqu’à son transfert dans une institution hospitalière spécialisée. Or, ces dernières refusent de les admettre pour cause de places indisponibles», précise une source autorisée.

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