«Les Marocains vont manger des tomates importées»

Longtemps exonérés d’impôts, les agriculteurs ont été reçus, hier à Rabat, par les autorités publiques qui leur ont présenté le nouveau régime fiscal applicable au secteur agricole. Exclus de l’élaboration du texte, ils désapprouvent la démarche et expriment leur mécontentement.  

«Les Marocains vont manger des tomates importées»

Le 23 octobre 2013 à 21h36

Modifié 11 avril 2021 à 2h35

Longtemps exonérés d’impôts, les agriculteurs ont été reçus, hier à Rabat, par les autorités publiques qui leur ont présenté le nouveau régime fiscal applicable au secteur agricole. Exclus de l’élaboration du texte, ils désapprouvent la démarche et expriment leur mécontentement.  

«Tout a été décidé à notre insu», affirme, non sans émotion, Omar Mounir, vice-président de l’Association marocaine des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (Apefel). «Nous sommes déçus de cette rencontre parce que nous avons le sentiment que tout ce qui a été positif jusqu’ici dans le cadre du Plan Maroc Vert nous a été nié».

Selon lui, les conséquences de ce régime fiscal sur la production agricole risquent de handicaper le secteur: «A l’heure actuelle, il est déjà difficile d’investir dans l’agriculture et les banques suivent rarement ; les taxes imposées par le projet de loi de Finances pourront monter jusqu’à 39% du CA annuel notamment pour les personnes physiques, ce qui tuera sans doute les petits agriculteurs».

A l’issue de la rencontre avec le directeur général des impôts et les ministres de l’Agriculture et des Finances, le représentant de l’Apefel constate le flou juridique qui entoure cette fiscalité.

«Plusieurs points posent problème: d’abord, la taxation sera progressive sur les cinq prochaines années mais finira par toucher tous les agriculteurs (NDLR : l’exonération sera maintenue d’une manière permanente pour les CA inférieurs à 5 MDH par an) ; ensuite, beaucoup de projets initiés auparavant risquent de s’effondrer dans la mesure où leur étude de faisabilité ne prenait pas en compte une imposition et encore moins une imposition aussi forte, c’est le cas des terres de récupération (Sodea, Sogeta) ; enfin, le régime fiscal ne semble pas tenir compte des prix, qui risquent de flamber dans les années à venir ».

Depuis 2008, de nombreux petits agriculteurs ont en effet mis la clé sous la porte accuse-t-il, car le secteur primaire est particulièrement fragile puisque totalement dépendant des aléas climatiques. Pour les professionnels, ce régime fiscal menace la stratégie du Plan Maroc Vert.

L’Apefel ne compte pas garder le silence. Ses membres sont actuellement en concertation pour préparer une réponse, même si leur avis n’a pas été requis. «Si le Maroc taxe ses agriculteurs, alors dans cinq ans les Marocains mangeront de la tomate importée,» nous déclare M. Mounir.

En tous les cas, le régime fiscal agricole sera sans doute l’un des dossiers les plus chauds à traiter au Parlement dans les semaines à venir.

 


 

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